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Guadeloupe. Médias. Ruddy Cornelie : RHT fait plus que les “grandes radios”

Depuis près de 4 décennies, Ruddy Cornelie, qui en a été le fondateur, dirige Radio Haute Tension (RHT). Son média au statut associatif a su braver toutes les difficultés de sa catégorie pour devenir en matière de cyclisme une référence.

Guadeloupe. Médias. Ruddy Cornelie : RHT fait plus que les "grandes radios".

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Basse-Terre. Capitale. Mercredi 14 février 2024. CCN. Depuis près de 4 décennies, Ruddy Cornelie, qui en a été le fondateur, dirige Radio Haute Tension (RHT). Son média au statut associatif a su braver toutes les difficultés de sa catégorie pour devenir en matière de cyclisme une référence. En effet quand démarre la saison cycliste et que le public se passionne pour les Tours de Marie Galante, le Tour International de la Guadeloupe ou ceux moins capés de de Guyane ou de la Martinique : RHT fait parfois la course en tête, devançant ainsi la radio du service public ou celle de celle de la pub non-stop. Ruddy Cornélie, Vice-président de la FRAG aussi délégué régional du Syndicat National français des Radios Libres, formateur à L’Éducation aux Médias (EMI), très conscient du rôle et de l’impact de son média a accepté de répondre aux questions de CCN. C’est sa première interview sur un média alternatif.

CCN. Pourquoi ce nom RHT ? quelle en est la signification profonde ?

Ruddy Cornélie (RC). RADIO HAUTE TENSION parce que son créateur était souvent sous tension. Pour être plus sérieux, l’idée est venue d’un ami (Chicot Silvy appelé LHAB « L’Homme Au Beret »). A cette période nous n’avions pas encore d’autorisation d’émettre. Nous étions alors dans les hauteurs de Capesterre BE donc en pleine et en hauteur nous diffusions avec une antenne installée dans les arbres.

Il fallait tous les jours changer l’emplacement de l’antenne pour ne pas être repéré par les autorités.

Au départ, nous avions pris comme nom “Radio Hauteurs de Routhiers” et puis un jour lors d’une une réunion houleuse qui a failli se conclure par l’arrêt total de l’expérience radio (en décembre 1985), en parlant de moi, LHAB lance « misyé toujou si tansion », on s’est regardé et j’ai dit : « nou ka chanjé non » et tout le monde a aussitôt adhéré. Nous avons alors décidé de créer de l’Association Haute Tension, c’était en janvier 1986.

CCN. Comment ce média s’est-il développé au fil des ans ? Quels ont été les choix de la ligne éditoriale ?

RC. En restant modestes et en gardant le même cap. Au départ, c’était pour s’amuser puis on s’est laissé entraîner, on y a pris goût tout en améliorant le travail et en se formant et bien sûr en faisant différemment par rapport aux autres.

CHOIX : Programme généraliste se basant sur la proximité et en allant à l’extérieur (la caraïbe). RHT a toujours été un laboratoire audiovisuel.

CCN. Pourquoi ne faut-il plus traiter RHT, radio associative de “Ti radyo ?

RC. Au prime-abord, c’est un mot qui nous choque et car à RHT on ne s’est jamais considéré comme une Ti Radyo. En un mot, on peut remplacer ti radyo par radio ayant de faibles moyens car quand le législateur a créé la loi de 1986, il a pris le soin de préciser les différentes catégories. Donc automatiquement notre choix s’est basé sur la radio associative laissant le commercial à ceux qui avaient davantage de moyens. Mais curieusement, aujourd’hui RHT fait plus que des radios considérées comme « gwo radyo» et qui n’ont même pas 1 seul salarié, je crois qu’il il faudra un jour vraiment qu’on fasse un état des lieux et du paysage radiophonique de la Guadeloupe.

CCN. Comment RHT a-t-elle réussi à se faire une place de choix dans le domaine du cyclisme ?

RC. C’est le fruit d’un travail de longue haleine en proposant ce qui n’existait pas en radio pour notre cyclisme.Ainsi très tôt, nous avons décidé de la diffusion non-stop d’émissions concernant toutes les catégories du sport cycliste. Mais aussi de la couverture complète des Tours de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane. A ce jour, nous sommes l’unique média dans le paysage audiovisuel guadeloupéen à le faire. Nous sommes aussi présents dans la Caraïbe pour les championnats cyclistes.

Cela dit, Il faut noter que pour en faire autant, il faut être passionné. Car ce sont de véritables challenges de RHT autour de toutes les compétitions cyclistes. Elles ne sont pas pour nous des porteuses car elles sont coûteuses pour la logistique et les moyens. Mais en terme de présence dans le monde du cyclisme, c’est pour nous d’une importance capitale. Ainsi, quand nous disons à longueur d’antenne que « RHT c’est 100/100 vélo » c’est loin d’être qu’une annonce ou de la com mais plutôt une réalité bien perçue dans la sphère du cyclisme caribéen.

CCN. D’accord mais au quotidien, comment se gère une radio associative ? au regard de l’actu ? de l’audience ?

RC. Aucune différence avec n’importe quel autre média. A RHT, nous fonctionnons à la fois avec des salariés, parfois avec des bénévoles qui nous gratifient d’un coup de main, car ils savent qu’à RHT que nos moyens financiers sont souvent limités. On ne le dit pas assez une radio associative en termes d’annonces publicitaires ou de sponsoring financier, est sujet à des contraintes liées à son statut. Nous ne pouvons pas dépasser 20% de notre chiffre d’affaires avec de la Pub, nous faisons à peine 5% de notre CA avec la pub. Le Fonds de soutien (FSER) nous accorde une aide de 30%. Nous avons encore 30% de revenu grâce à des conventions partenariales avec les collectivités et il nous faut tout de même 10% grâce à la participation des membres de l’asso. Il y aussi du mécénat et des dons qui sont faut-il le préciser non imposables pour les donateurs.

Au plan technique nous gérons au quotidien nos 3 fréquences ce qui nous permet d’être audible et donc écouté partout en Guadeloupe. Cela signifie aussi de nombreuses réunions internes, des déplacements sur le terrain. Nous disposons de 2 studios, l’un à Capesterre et un autre dans la Capitale ; C’est encore un atout pour RHT.

Bien que n’étant pas dans la course de l’audimat, il faut toujours garder un œil sur le travail réalisé, car l’audience reste tout au moins importante.

Mais notre plus gros problème se situe dans la gestion de la ressource humaine aussi bien pour les bénévoles que pour les salariés. Nous sommes au total une vingtaine à RHT tout juste 2 salariés, 6 alternants, le reste du staff ce ne sont que des bénévoles.

CCN. Avec 3 sites d’émission RHT est pratiquement la seule radio de sa catégorie à couvrir entièrement la Guadeloupe, souhaitez-vous sauter le pas et devenir ainsi une radio commerciale ?

RC. C’est totalement vrai la totalité de l’archipel est aujourd’hui couverte par RHT, mais nous ne nourrissons aucune ambition d’être une radio commerciale. Le marché publicitaire est trop restreint voire étriqué ce serait suicidaire pour nous.

CCN. Avec le digital la radio a beaucoup évolué, bientôt le DAB, RHT est- elle prête pour ce nouveau challenge ?

Comme à l’arrivée de toute nouvelle technologie, il y a des pessimistes et des optimistes. RHT a de l’avance dans le domaine numérique et ce depuis 10 ans. Nous sommes le premier média privé, associatif à être sur le net aux Antilles-Guyane et quand on parlait de numérique de radio-vision certains pensaient que nous étions des fous. La réalité nous donne raison…

Le DAB va totalement changer le confort d’écoute et offrir une plus grande ressource de diffusion donc davantage de radio donc de concurrence. Mais, nous sommes sereins car nous sommes depuis longtemps déjà prêts pour ce nouveau challenge.

CCN. Vous êtes aussi vice-président de la Fédération des Radios Associatives de la Guadeloupe (FRAG), quel regard portez-vous sur le paysage audiovisuel Guadeloupéen actuel ?

RC. J’espère qu’il y aura un réveil parce que le besoin d’un changement du paradigme devient urgent .

CCN. Les radios associatives ne peuvent-elles faire davantage d’audience ? Que manque-t-il ?

Il manque de la communication, de l’entente et un vrai plan marshall pour informer la population 

NDLR : Sur les habitudes d’écoute et la notoriété nous publions ci-dessous le dernier rapport de Médiamétrie concernant RHT

 

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