FRONTIÈRES, un film de Apolline Traoré avec Amelie Mbaye
Pointe-à-Pitre/Dakar. Mardi 26 mars 2024. CCN. Personnellement, j’ai été ému par ce film qui interpelle sur les réalités de l’intégration : Apolline Traoré la réalisatrice a voulu, à travers ce film, parler de « l’immigration en Afrique sur le déficit d’application des textes communautaires au niveau des frontières : La loi de libre circulation des personnes et de biens. Son seul souhait est de conscientiser et de faire évoluer les mentalités.
Des femmes qui viennent d’horizons divers, animées par le même désir : voyager pour s’assurer un emploi meilleur. Faire savoir à toutes ces femmes qu’elles ont des droits à ces frontières, qu’il existe une loi qui les protège et qu’elles ignorent.
Mais les routes réservent bien des surprises. Chaque frontière raconte son histoire. Il s’agit de 4 femmes qui vont traverser en 7 jours 6 pays en Afrique de l’ouest et qui rencontrent Tracasseries, viols, racolages, corruption.
Dans ce film, la cinéaste Apolline Traoré raconte de fort belle manière avec des détails poignants le lot quotidien des femmes commerçantes aux différentes frontières qui séparent les pays composant la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) :
Deux séquences parmi d’autres retiennent l’attention, la situation d’une sénégalo-malienne, dépourvue de papiers légaux, Adjara, (Amélie Mbaye) Sénégalaise se sert de ses charmes pour soudoyer le douanier en chef afin de continuer son chemin.
Ailleurs, une Bissau-guinéenne et son bébé sont retenus à la frontière béninoise par les garde-frontières pour avoir refusé de payer un supposé « droit de passage ».
« Frontières », c’est l’odyssée de l’actrice principale, Adjara, en compagnie d’une Ivoirienne, Emma et d’une Burkinabé, Aicha. Trois femmes commerçantes ayant en commun l’espace Cedeao où elles sont traitées aux frontières comme des malpropres.
Tous les moyens sont bons pour passer tromper la vigilance ou alors soudoyer les agents préposés au contrôle frontalier. Emma explique ainsi à Adjara que « tout le monde contournait la loi, car tout le monde y trouvait son compte.»
Le film de d’Apolline Traoré traite également en arrière-plan de la question de l’insécurité, et plus particulièrement des coupeurs de routes frontaliers. La scène du bus attaqué à la frontière entre le Bénin et le Nigéria, avec une passagère tuée en sera une illustration.
« Frontières » est loin d’être un plaidoyer. Il s’agit d’un film qui met l’accent sur la « difficulté de voyager par voie terrestre dans l’espace Cedeao,
Avec « Frontières », Apolline Traoré a remporté au dernier Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadou (Fespaco), trois distinctions que sont le prix spécial de l’Intégration de la Cedeao, le prix Houphouët Boigny et le prix Paul Roberso
Amélie Mbaye très applaudie à l’issue de la projection a confié à l’assistance que son regard a changé par rapport aux conditions de vie de certaines femmes.
Elle a découvert, par le biais de la fiction, une réalité insoutenable, la tortuosité de certains individus et les tracasseries quotidiennes auxquelles sont confrontées ces braves femmes en traversant les « frontières ». Elle espère de tout cœur que ce film changera les mentalités.
