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Actualité en Guadeloupe, Martinique, Guyane et dans la Caraïbe !

L’inquiétant déni de réalité va -t- il finir par miner l’économie de la Guadeloupe ?

L’inquiétant déni de réalité va -t- il finir par miner l’économie de la Guadeloupe ?

Pawol Lib (Libre Propos) est une nouvelle rubrique de CCN. Notre rédaction propose donc à tous les progressistes qui le souhaitent un espace de communication, une tribune dont le but principal est de porter une contribution au débat d’idées qui fait cruellement défaut dans notre pays. Les points de vue exprimés dans « Pawol Iib » n’engageront pas nécessairement la ligne éditoriale de CCN mais il nous semble indispensable que les intellectuels, la société civile aient la possibilité de pouvoir très librement opiner dans nos colonnes. Cette fois, c’est Jean Marie Nol, économiste qui nous soumet son billet.

Aujourd’hui, on se désole partout à travers le monde, de ce que l’économie soit une des principales victimes collatérales de la pandémie actuelle.
De fait, rien n’est plus vrai pour la Guadeloupe qui a connu en 2020 une croissance négative, et pourtant les guadeloupéens persistent à ne pas comprendre qu’il faut mettre le paquet sur la vaccination pour éviter un nouveau confinement qui serait cette fois catastrophique pour l’économie et donc in fine pour l’emploi de milliers de guadeloupéens. En effet, si rien ne bouge au niveau de la vaccination , c’est le mur des faillites d’entreprises et d’un chômage de masse qui nous guettera  fin 2021. C’est là avec le risque d’une nouvelle vague imputable aux variants, une question de bon sens et d’intelligence pratique pour préserver la cohésion sociale.
Pourquoi faire état de l’intelligence et faire appel au bon sens du citoyen lambda ?
Tout simplement parce qu’il y a des interactions puissantes avec la vaccination et l’économie. Le niveau d’intelligence baisse de façon inquiétante dans le monde, et la Guadeloupe ne fait  pas exception  à la règle. Autrement dit, nos scores de Q.I. seraient en train de plafonner.
Le niveau de conscience intellectuel des citoyens guadeloupéens est-il en train de décliner de façon aussi irrépressible jusqu’à les pousser à commettre l’irréparable à savoir tuer de façon stupide et  inconsciente l’économie de la Guadeloupe ?
A l’heure ou 5739 candidats  en Guadeloupe ont passé cette année les épreuves du bac , avec un taux de réussite de 97% pour les bacs général et technologique, pourquoi peut-t-on considérer l’actuel déni intellectuel en Guadeloupe  comme un problème de nature à fragiliser la société ?
Poser dans le contexte actuel cette question pourrait presque être considéré comme une provocation. Aujourd’hui, 97% d’une génération obtient le bac, alors qu’en 1970, seulement 20% d’une génération avait le bac. Le niveau du bac a baissé et le niveau général de la population a lui aussi baissé.  En effet, le faible niveau constaté chez beaucoup d’enfants, le décrochage scolaire, la violence à l’école, et la démobilisation voire la grande lassitude des enseignants sont devenus en quelques années seulement la principale désignation des problèmes du système éducatif incapable de tirer vers le haut notre  territoire.
Seuls 4% des CM1 sont jugés aptes «à comprendre et à utiliser les formes du langage écrit que requiert la société». Ce constat semble résumer l’ensemble des manquements de l’école à ses missions. Dans tous les classements et les enquêtes évaluant le niveau scolaire, la place des élèves de l’Hexagone français  ne cesse de décliner, et la Guadeloupe ne fait pas abstraction. Il n’est donc pas excessif de parler d’une «crise de l’intelligence» qui touche le monde occidental, mais plus particulièrement la France.
En tant qu’économiste, je me permets d’évoquer plusieurs hypothèses, comme la forte dégradation du système éducatif, une insuffisante compréhension des mécanismes économiques, une alimentation de moins bonne qualité, une appréhension à la lecture de la presse, une grande perméabilité aux fakes news, la fuite de nos meilleurs cerveaux en France hexagonale ou à l’étranger , un fort taux d’illetrisme, un environnement familial et social  de plus en plus dégradé, ou encore l’omniprésence des écrans. Cela se manifeste d’ailleurs sous des formes multiples: désintérêt pour les livres, l’histoire et la littérature, chute de la lecture de la presse, abêtissement télévisuel, addiction aux jeux vidéo, etc…
Certaines personnes ont pris très au sérieux les quelques études qui montrent une tendance à la baisse des scores de Q.I dans le monde hormis certains pays de  l’Asie et ont tout de suite évoqué des hypothèses comme l’exposition aux perturbateurs endocriniens, aux pesticides ou encore le rôle des écrans. Un phénomène multifactoriel, qui met notamment sur la sellette la chlordécone.
Cette situation  reflète une nouvelle fois le véritable malaise social qui règne ici dans notre   pays . Symptôme d’une société aux structures économiques dépassées, lointain héritage de la période post-coloniale. Une société passée ces dernières décennies d’une économie rurale à une société de surconsommation, créant ainsi beaucoup de frustration, de désespoir chez  les individus déclassés du système . La question de la démocratie est au cœur de ce malaise.
Depuis des décennies, la Guadeloupe subit  un effondrement de sa vie politique, de son désir d’exister en tant que peuple au sein de la société française. L’effondrement du niveau intellectuel  est le phénomène le plus symptomatique d’un déclin général de l’efficacité de notre système éducatif et politique dans ses missions fondamentales, parmi lesquelles, la transmission du savoir et des comportements de base du vivre ensemble.
Osons le dire, l’élite Antillaise au regard des anciens manque cruellement d’érudition et l’éducation scientifique du peuple est faible comme le dénote les très fortes résistances à la vaccination contre la covid 19. L’hésitation à vacciner est actuellement en pleine expansion (15 % seulement de la population Antillaise est vaccinée contre 42% au niveau national) expliquant l’insuffisance de couverture vaccinale et la persistance à un niveau élevé de la pandémie  dans nos îles.
Elle s’explique par les peurs vaccinales médiatisées par certains syndicats , le rôle prépondérant de certains  médias et surtout d’Internet dans la désinformation..
La balance bénéfice/risque s’est totalement inversée aux Antilles  : on craint plus le vaccin que la maladie.
Ça s’explique par la perte de confiance dans la science et les experts, et une bonne tendance au complotisme. On observe ainsi que plus de la moitié des  guadeloupéens   estimait  que l’on manquait de recul sur la maladie et le vaccin, ce qui les rendait méfiants, et un quart craignait les potentiels effets secondaires que le vaccin pourrait entraîner.
D’autres aussi  nombreux avancent l’argument suivant : ” comment peut-on avoir confiance avec si peu de recul ? On nous cache sans doute beaucoup de choses ! Ce qui est sûr, c’est qu’on  refuse de jouer les cobayes pour enrichir des laboratoires pharmaceutiques”.
Au regard des spécificités de la Guadeloupe, les enjeux  dans ce déni de réalité des bienfaits de la vaccination sont particulièrement forts et multiples, car il existe bien une corrélation avec le niveau de culture générale  : Ainsi, l’on note avec l’Insee que 30 % des 16-65 ans sont dans une situation préoccupante face à l’écrit : 19 % présentent de graves difficultés. De plus, 20 % des Guadeloupéens ayant été scolarisés en Guadeloupe ou ailleurs en France sont en situation d’illettrisme et 69 % d’entre eux sont sans diplômes et 36 % sont au chômage.
En 2021 , selon les données du RSMA , 26 % des jeunes Guadeloupéens sont repérés en difficulté de lecture, soit 18204 jeunes.
À la fois conséquence et cause de précarité économique, cet échec scolaire, la baisse du niveau général de la population et l’illettrisme qui souvent l’accompagne pèsent sur le niveau de qualification de la population active et constituent un frein majeur au développement de l’économie.
À titre d’exemple, L’Insee vient de publier le bilan économique, pour l’année 2020, en Guadeloupe et Martinique . Il souligne le recul de de 5.8 point du PIB de la Guadeloupe et de 4% pour la Martinique durant cette année 2020.
Mais un recul qui, selon l’INSEE, est essentiellement le fait de la pandémie du Covid, et ce même si la baisse du PIB qui mesure la richesse totale produite par le pays  a été bien amorti par les aides publiques.
Mais disons le tout net, le modèle social français ne sera pas toujours au rendez-vous pour supporter nos incohérences comportementales et encore moins payer les conséquences financières de notre inconsistance intellectuelle d’enfants gâtés.
C’est un processus de recul de l’activité économique qui met au cœur la question de  la vision d’avenir que la société civile de la Guadeloupe va devoir porter dans un nouveau modèle original de développement économique et social  qui exclut l’extrémisme identitaire et  l’émotionnel.
En un mot, le droit et le devoir d’accoucher elle-même d’un nouveau modèle économique et social novateur et responsable avec une très forte exigence de responsabilité et de formation . Pourquoi est -t- ce une urgence ?
Parce que nous sommes au pied du mur et sommes confrontés à l’hypothèse de plus en plus sérieuse d’une ère de déclin intellectuel et de grande stagnation économique», voire de fracturation sociale .
La probabilité que la crise actuelle débouche sur une stagnation durable du «fétiche PIB» est de fait rendue crédible par de simples constatations empiriques. Tout cela est anormal !
Pour moderniser, protéger et permettre à la Guadeloupe d’aller mieux tout en restant elle -même, il n’y a pas trente six solutions , la seule qui vaille aujourd’hui est la construction originale d’un nouveau modèle économique et social . En bref, je suis optimiste à condition de booster la formation initiale et continue pour tous.  La période difficile dans laquelle nous allons nous trouver à l’aube de cette  décennie créera de nouvelles opportunités.
Les grands changements cognitifs ne sont jamais faciles mais, quand ils sont gérés correctement, ils peuvent nous rendre plus forts et améliorer notre situation au lieu de nous conduire vers le pire .
Wé…  “Fò mèt difé an pay-sèk, pou tann langaj a krikèt.”
Jean-Marie Nol économiste

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