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Guadeloupe. L'honneur perdu de Jean-Pierre Sainton

Jean-Luc Divialle répond à Jean Pierre Sainton
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Pointe–Pitre. Jeudi 2 Mars 2023. CCN. Depuis quelques jours circule une critique virulente de l’ouvrage Woucikam, tome 1 paru en novembre 2017. Celle-ci émane de l’historien Jean-Pierre Sainton. L’auteur incriminé, Djolo (jean-Luc Divialle-Hamlet) répond. Mieux, il ramène le débat à sa vraie place, le terrain scientifique. 

Ainsi donc, Monsieur Jean-Pierre Sainton, vous, historien de votre état et précisons-le de suite, certainement pas linguiste, vous vous livrez vous aussi depuis quelques jours, au genre de bassesse dont un intellectuel qui se veut respectable devrait à tout prix se garder. Vous faites circuler sur les réseaux sociaux (fait vérifié par nos soins) une critique dénigrante aussi acerbe que sournoise à propos de mon ouvrage : WOUCIKAM, origine égyptienne de la langue dite créole, décryptage hiéroglyphique de nos us et coutumes, tome 1, 2017. Editions Ekola. 

Ainsi, déclarez-vous : “C’est de l’incohérence satisfaite d’elle-même. Il y a toujours eu en tout des farfelus bonimenteurs et il est de la nature de la forfanterie de s’alimenter elle-même… Jusque-là cela gêne la vraie recherche mais sans plus… On se dit que chacun a le droit de se construire une théorie s’il y trouve la satisfaction de sa quête et de son fantasme. Mais mais quand le fantasme veut se faire science et impose sa vérité en faisant passer l’écume de l’eau de moussache pour du bon lait frais, et surtout que la masse s’en délecte, applaudit et en redemande… Alors là, il faut s’inquiéter et réagir. Nous avons besoin de rechercher notre réalité et de mieux nous connaître pour nous émanciper, pas hallucinogènes qui nous donnent à rêver”.

Je n’ose pas imaginer M. Sainton, que vous ayez tenu de tels propos, de plus, diffusés par un procédé aussi vil dans un moment de pleine intelligence et de sagesse. Je n’ose pas imaginer que celui qui depuis tantôt vole au secours de certains intellectuels guadeloupéens, ceux surtout qui se sont auto-discrédités ces deux dernières années, soit capable, lui le premier de se déshonorer à ce point à la face de la Guadeloupe. L’insulte, le mépris de fausse classe, plutôt que les preuves ne sont pas dignes d’un historien de votre qualité. Vous auriez dû en rester au plan strictement scientifique et pourquoi pas même, entamer un dialogue franc avec moi. Ceci aurait eu plus de tenue.

Aussi, à vrai dire, honnêtement je vous plains ! Je vous plains parce que vous n’avez pas mesuré à quel point vos propos se révèlent désormais lourds de conséquences et d’abord pour vous-même Jean-Pierre Sainton. Mais puisque le propre de la controverse, c’est de faire avancer la science, c’est au nom de cette même controverse scientifique et uniquement au nom de cette dernière que j’entends vous répondre ici. 

Ainsi, sans que nul ne vous l’ait demandé, vous venez de prendre à votre compte la lourde responsabilité de démontrer de façon scientifique et donc indiscutable que les faits linguistiques que j’avance sont faux. Tant pis pour vous, vous devrez l’assumer. Et là, je vous plains encore. Parce qu’avec cette démonstration qui ne manquera pas d’attirer tous les locuteurs de notre langue, ici et à l’étranger, vous allez jouer votre crédibilité en tant qu’intellectuel guadeloupéen qui se veut digne de foi, mais pitoyablement et sur la base d’injures proférées aussi gratuites qu’infondées. À vrai dire, vous qui entendez que cesse la persécution de nos intellectuels, vous n’y contribuez guère. 

Avant de vous avancer à ce point, vous auriez du vous souvenir de cette maxime de Platon. : “Que nul n’entre ici s’il n’est point géomètre”. La charge de la preuve vous incombant désormais, vous qui n’êtes point linguiste aurez je l’espère toutes les ressources nécessaires pour démontrer à la face du monde entier en quoi je suis un “Farfelu, bonimenteur adepte de la forfanterie”. Et pour ce faire, les insultes gratuites, le mépris affiché à mon endroit ne suffiront pas. Vous devrez obligatoirement démontrer si vous le pouvez, en quoi, quand il s’agit de statuer sur l’origine de notre langue maternelle, le recours à la linguistique descriptive synchronique surpasse l’usage de la méthode comparative historique. Vous devrez surtout démontrer que la parenté génétique entre notre langue et celles du continent africain à commencer par l’égyptien ancien et le copte est un fantasme, une supercherie. Vous le devrez, sinon vous serez nu comme le roi, et les guadeloupéens verront qui fait dans la fourberie, la mystification. Bon courage ! 

Mais le plus dur pour vous ne sera pas encore arrivé. Vous devrez surtout démontrer aux milliers de locuteurs de notre langue, ceux qui sont de jour en jour plus nombreux à se rallier à ma thèse. Ceux qui depuis cinq années ont par leur propre vérification quotidienne de mes dires opéré une rupture épistémologique quant à l’origine et la nature de leur langue. À ceux-là donc, vous devrez démontrer qu’ils ne sont que de parfaits idiots accrochés aux lèvres d’un gourou appelé Djolo. En arriver à mépriser votre propre peuple, juste parce qu’il s’émancipe de tutelles fallacieuses, je vous plains. Je vous plains et vous invite donc à vous surpasser dans la manifestation de la vérité à propos d’un livre que vous n’avez pas lu. Vous ne l’avez pas lu ! J’insiste sur ce point, parce que sinon vos propos auraient eu une toute autre modération.

Allez-y donc de bon cœur et expliquez à ces Guadeloupéens-là que vous tenez pour ignares combien ils feraient mieux de revenir sur les plantations de leurs anciens maîtres et délaisser “l’écume de l’eau de moussache woucikam pour du bon lait frais créole”. Vous qui prétendez devoir réagir, allez-y ! Expliquez leur surtout par quel théorème, un adepte de la “vraie recherche” peut se prononcer de façon aussi péremptoire sur un ouvrage et des travaux dont il ignore toute la teneur ? Dites-nous ? Auriez-vous inventé une forme de recherche quantique qui vous dispenserait de cet exercice de lecture ? Si oui, déposez vite votre brevet. Nous n’attendons que cela pour célébrer votre génie.

Plus sérieusement Monsieur Jean-Pierre Sainton, quand on se dit à ce point responsable et pourfendeur de fake news sur nos intellectuels, on ne s’en fait pas soi-même tout à la fois l’écho et l’artisan. Quand on a un peuple qui depuis des siècles est en quête de reconstruction, on n’agit pas ainsi. On se cantonne à la prudence scientifique. On ne saborde pas par égo, méchanceté et pour tout dire, mépris de fausse classe les pistes nouvelles proposés par sa jeunesse. Quand on se dit vrai chercheur, on assiste les plus jeunes. On étudie et vérifie soi-même leurs travaux. On se garde de les critiquer sans étude rigoureuse préalable. Quand on aime son pays et qu’on a la volonté de le voir avancer, on soutient les efforts des plus jeunes. En un mot, on aide ! Mais on ne s’érige surtout pas en horizon indépassable de la connaissance, surtout quand cette connaissance vient à vous déborder. “Si tu sais que tu sais, tu ne sauras pas ; si tu sais que tu ne sais pas, tu sauras” dit la sagesse peule. Or, la vérité est celle-là : Toute la recherche et l’enseignement de notre langue est à revoir. Et ceux qui prétendent tout s’avoir se doivent de remettre le métier sur l’ouvrage. La raison en est simple, leurs affirmations sur notre langue reposent sur un prédicat erroné dont la mise en évidence est aujourd’hui aisée. Et si cette idée terrorise certains, elle laisse notre jeunesse sereine. Vous verrez, elle ira bien plus loin que vous. 

Aussi, je vous le redis, quand on a la responsabilité d’une jeunesse déjà en grande difficulté. Quand on se veut responsable et acteur du devenir de son pays, on ne tient pas de tels propos. D’ailleurs, quand on est intelligent on ne tient pas des propos pareils. On ne se limite pas à se croire intellectuel juste parce que l’on porte dans tous ses actes le masque des dieux coloniaux que l’on adore. Parce que voyez-vous, réciter éternellement la science des autres, ce n’est pas faire de la science. C’est pratiquer le “jakotage”. La science elle, la vraie, commence avec l’observation de son environnement et la traduction de celui-ci en principes, en lois, théorèmes propres à édifier son pays. C’est la démarche du Dr. Henri Joseph. Et c’est précisément ce que j’ai modestement entrepris ces dernières années concernant notre langue. “Pour atteindre la vérité, il faut une fois dans la vie se défaire de toutes les opinions qu’on a reçues, et reconstruire de nouveau tout le système de ses connaissances” nous conseillait Descartes. Bien m’en a pris de remettre en question les dogmes créolitaires. Et contrairement à ce que vous alléguez, n’en déplaise ou non, les avancées sont nombreuses. C’est un renversement de perspective fertile sur la base de méthodes linguistiques fiables. Mais nous savons que d’autres ne se sont jamais risqués à s’y frotter de peur que cela ne casse leur beau monde fantasmé kalino-créole. C’est là leur affaire, pas la mienne.

Cela vous échappe totalement, mais la Guadeloupe est en pleine mutation. Tout au contraire, vous pensez encore pourvoir dire le droit au peuple et agir en douce vous imaginant qu’il n’y voit rien. Erreur, le peuple vous voit en plein midi. Et l’image qu’il se fait de vous n’est pas flatteuse. Parce que le drame pour certains d’entre vous, c’est que vous ne vous rendez même plus compte des évidences. Quand certains intellectuels faillissent, le peuple désormais ne reste pas inerte. Il y a longtemps qu’il a saisi que Marx, Lénine, Trotsky ou Mao ne sont pas de son paradigme naturel. Il a la conviction que son unique voie c’est celle de ses ancêtres. Voilà pourquoi notre jeunesse ose, cherche, trouve et amorce des pistes de reconstruction, sans vous. C’est peut-être là l’effet du syndrome d’abandon qui vous ronge. Et c’est précisément ce qui me vaut un tel amour fraternel de votre part. De cela, je ne suis point dupe. Certains d’entre vous me rêvent en bouc émissaire. Mais qu’y puis-je si les chaltounés de jadis pour avoir failli dans leur mission d’éclaireurs du peuple s’éteignent sans panache ? 

Ainsi donc, depuis 2017 il m’est promis une réponse contradictoire à mes travaux qui n’arrive pas. Comme je l’avais annoncé, le tome 2 de Woucikam arrivera qu’aucune réponse ne sera venue. Il sera bientôt là. Il a pour sous-titre “De la pensée symbolique africaine à la langue dite créole”. Et mes contradicteurs demeurent toujours aussi muets. Car sauf à m’attaquer sournoisement et sans l’once d’une preuve comme vous venez de le faire vous aussi, nul ne bougera. Mais peut-on raisonnablement arrêter une vérité dont l’heure de révélation a sonné ?

À vous donc qui vous êtes employé à m’insulter gratuitement. À vous qui m’exprimez votre mépris de fausse classe. À vous qui par un billet fade avez tenté de discréditer une recherche qui, contrairement à celle de votre binôme bien-aimée ne cesse de porter du fruit, je veux bien tout de même offrir la voie du ressaisissement. Après tout, ne sommes-nous pas des Guadeloupéens ?

Voilà pourquoi, devant le peuple guadeloupéen. Devant les femmes guadeloupéennes. Devant la jeunesse guadeloupéenne je vous en conjure, soyons d’abord de bons pédagogues dignes de ce nom plutôt que de stériles polémistes. Et puisque, au stade où nous en sommes, le status quo n’est plus possible. La question de l’origine réelle de la langue dite créole doit être définitivement tranchée. Voilà pourquoi je vous demande par la présente, une confrontation scientifique publique. Vous choisirez l’aréopage de chercheurs que vous voudrez. Nous débattrons dans un lieu à vocation universitaire. Je garantis la sérénité des débats. De mon coté, je viendrai vous porter la contradiction entouré des personnes ressources que je jugerai nécessaires. Je n’aurai cependant qu’une exigence. Cette confrontation devra être couverte par les médias afin qu’il existe des archives audiovisuelles propres à nourrir le fonds documentaire de notre université et de nos médiathèques. Et si vous êtes pour le progrès de la science en Guadeloupe. Si vous êtes pour l’avancée de la “vraie recherche”, vous ne pourrez qu’accepter cette proposition de voir triompher votre génie intellectuel. La jeunesse guadeloupéenne nous regarde, agissons !

Djolo (Jean-Luc Divialle-Hamlet)

Chercheur indépendant en linguistique

Expert en langue dite créole

Auteur de WOUCIKAM, origine égyptienne de la langue dite créole, décryptage hiéroglyphique de nos us et coutumes, tome 1

 

5 réflexions sur “Guadeloupe. L’honneur perdu de Jean-Pierre Sainton”

  1. La provenance de l’attaque aura surpris et déçu plus d’une personne, parmi lesquelles celles appréciant d’autres productions et interventions du Pr Jean-Pierre Sainton.

    «sans que nul ne vous l’ait demandé»
    Je ne parierais pas là-dessus.

    Depuis 3 ans nous constatons davantage qu’auparavant la fuite du débat contradictoire par les apologistes des thèses et dogmes soutenus par le pouvoir [ici, colonial]. Espérons que cette joute scientifique aura lieu et sera diffusée médiatiquement au plus grand nombre, cela permettrait de clarifier un certain nombre de points.

    D’un côté nous avons des travaux construits à l’aide de méthodes scientifiques utilisées à l’échelle internationale, de l’autre nous avons une attaque dénuée de preuves tangibles et dont la finalité est de tenter de retarder l’effondrement inéluctable d’un système de réflexion qui a vécu.

    «Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse.»
    Proverbe africain

  2. ce djolo est un illuminé, il faudrait être aussi fou que lui pour perdre du temps à vouloir décortiquer sa pseudo théorie. par contre il y a une réelle nécessité que nos véritable intellectuels Guadeloupéens se penchent sur cette mouvance afrocentriste qui commence à faire des ravages au niveau de notre jeunesse. Ou sont nos intellectuels ?

    1. De quoi vous plaignez vous ? Pseudo théorie ou pas, il faudra bien que l’accusateur SAINTON réponde à cette si belle invitation à débattre devant les caméras des médias. C’est tout ce qui lui est demandé. Si vraiment il est digne de foi et que ces propos sont justes et non incohérents comme les votres, il répondra. Attendons donc. Si Djolo comme vous dites est un illuminé, cela se verra aux yeux de tous et il se sera discrédité à tout jamais. Si par contre il dit vrai, son œuvre sera reconnue comme une découverte mondiale et l’une des plus grandes avancées pour la langue de Guadeloupe. Tout le monde saura alors qui est digne de confiance, qui ne l’est pas et surtout qui est aussi débile profond que vous. À ce moment là, vous n’aurez pas d’autre choix que de crever de rage, parce que vous serez contraint de voir le panafricanisme gagner du terrain et pour de bonnes raisons. Au fait, vous Danka qui êtes si sûr de votre fait, allez vite prêter main forte à Monsieur Sainton qui pris à son propre piège en a grandement besoin. La mystification est terminée. Le requiem de vos illusions se donne déjà ! Allez y !

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