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Guadeloupe. Enquête Politique. Le maire de Pointe-à-Pitre Harry Durimel est-il fragilisé et dans la tourmente ? Episode 2

Pointe-à-Pitre. Samedi 17 juillet 2021. CCN. Au lendemain, des élections régionales et départementales, comme il fallait s’y attendre plusieurs membres de la majorité d’Harry Durimel, ont voulu exprimer leur mécontentement et ont pour ce faire choisi de prendre du « recul ». C’est ainsi que faute de quorum le Conseil municipal – du 8 juillet n’a pu avoir lieu. Une grande partie des propres partisans du maire en place a refusé de participer au Conseil municipal. Au cours de la même semaine, Harry Durimel décidait d’enlever à son adjointe en charge de l’urbanisme, Michèle Robin- Clerc, signature et délégation. Cette dernière que CCN a contactée, conteste cette décision (2). De son côté Loic Martol (1) qui lui avait été candidat aux municipales, l’un des opposants actuels nous a accordé une interview où il donne son explication de la crise actuelle. Une autre figure de l’opposition, Claude Barfleur (3) qui s’était rallié ka’w vlé fè « à l’ex maire Jacques Bangou », affirme que le « bateau pointois est toujours à la dérive ». Enfin, Alain Sorèze (4) proche de Georges Brédent, mais comme lui membre de la majorité Durimel se montre plutôt critique sur la politique de ce dernier. Quand on fait le bilan actuel, opposition et majorité “en recul”, ce sont près de 20 conseillers sur 33, qui sont « en distanciel » par rapport à Durimel. Cette crise qui est la 1ère de cette importance depuis son arrivée à la tête de la municipalité peut-elle être fatale à Durimel et le mettre en grande difficulté ? Il suffirait pour cela que l’opposition et les “opposants ponctuels” de l’ex majorité fassent un pacte. Mais pour l’heure personne parmi ceux que CCN a interviewé ne semble vouloir prendre ce risque … du moins pas encore. Signalons enfin que par souci d’équité nous avons souhaité donner la parole à la 1ère adjointe, Tania Galvani. Celle-ci a choisi délibérément de ne pas répondre aux questions de CCN. Faut-il interpréter ce silence comme étant  un indéfectible attachement à Durimel ou au contraire comme le début d’une possible prise de distance ?

Claude Barfleur : Pointe-à-Pitre, un bateau toujours à la dérive
Cette semaine l’actualité de Pointe-à-Pitre a failli être passée sous silence à cause des annonces présidentielles à propos de la crise de la COVID-19. Cependant, pour nous Pointois elle est d’une extrême gravité.
Après la fracture de la majorité municipale lors des élections départementales, il était intéressant d’observer les postures de chacun pour comprendre si ce n’était qu’une poussée de fièvre ou le symptôme d’un mal plus profond.
L’absence de quorum au conseil municipal du 8 juillet – plus de dix membres de la majorité absents – pourrait être une première réponse à nos interrogations.
Il est quand même curieux que des colistiers élus ensemble dans « l’unité pour le changement » aient choisi de boycotter un conseil municipal aussi important, dont l’ordre du jour principal était l’examen du compte administratif 2020 et du budget 2021, budget qui d’ailleurs est le premier élaboré par cette nouvelle « majorité » municipale.
Cette fracture ne nous étonne pas, mais sa précocité nous laisse pantois et nous inquiète pour l’avenir.

Nous avions conscience au MGP-Mouvement pour un Grand Pointe-à-Pitre- que la majorité municipale qui allait sortir des urnes en 2020 ne pouvait être que composite, issue d’une alliance de plusieurs groupes. Nous avons, naturellement entamé en premier lieu des discussions avec Harry DURIMEL. Ce processus a duré plus d’une année. En janvier 2020 nous avons compris, qu’il serait impossible qu’une équipe municipale conduite par Harry DURIMEL puisse durer jusqu’à la fin de la mandature. Entre les diktats, les sautes d’humeur, les revirements, une instabilité émotionnelle et l’absence d’un vrai amour pour Pointe-à-Pitre de l’homme,  les relations dans cette majorité ne pourraient que devenir explosives.
Les récents événements nous prouvent que nous avions raison.
Il ne s’agissait pas pour nous, dans notre engagement politique, de devenir maire quelque part- Pointe-à-Pitre ou Morne-À-L’eau-  dans le cadre d’un parcours personnel, mais de changer réellement le destin de notre ville avec l’apport de notre groupe
La situation de notre ville, telle que nous l’avions analysée, nécessitait un véritable engagement, empreint d’abnégation et de dévouement.
« Dégager jacques Bangou » n’était pas, à nos yeux, le moteur principal de notre engagement, mais nous devions plutôt trouver urgemment les voies et moyens pour initier une nouvelle politique économique afin de relancer notre ville et permettre l’avènement du Grand Pointe-à-Pitre.

Notre accord avec Jacques BANGOU fût pour nous une décision difficile et longue à prendre. Elle n’a pas été comprise et acceptée par de nombreux Pointois, qui y ont peut-être vu un reniement motivé par une quelconque ambition personnelle.
Certes, je me suis souvent opposé à la politique menée par Jacques BANGOU, la jugeant néfaste pour notre ville et responsable de l’état actuel de Pointe-à-Pitre, parce qu’elle ne prenait jamais en compte le développement économique et se limitait au seul aspect social.
Je n’ai jamais attaqué l’homme, n’ayant jamais douté de son amour pour Pointe-à-Pitre, de son honnêteté et de son intégrité même si j’étais pleinement conscient de ses faiblesses.
Les termes de notre accord étaient clairs: le développement économique et la transition politique incombait au MGP.
Dès lors, il nous apparaissait que cette nouvelle majorité pouvait se mettre en place et durer pour relancer Pointe-à-Pitre.

Aujourd’hui le maire, n’a pas été capable de mettre en place son premier budget. Ce n’est même pas parce que le conseil municipal ne s’est pas réuni. La date buttoir pour le vote du compte administratif et du budget est, dans le cas de Pointe-à-Pitre, fixée au 30 juin, et même si le conseil municipal s’était tenu le 8 juillet il serait hors-délais.
Désormais c’est le préfet qui a la main pour élaborer le budget de notre ville.

Comment comprendre, qu’un maire nouvellement élu, ne mette pas tout en œuvre pour faire voter son premier budget, l’expression de sa volonté politique pour la collectivité qu’il dirige, le signe fort donné à la population sur la voie nouvelle qu’il lui a proposée.
Comment comprendre qu’un maire avocat et  un premier adjoint lui aussi  avocat, ne soient pas au fait du Code Général des Collectivités Territoriales.
Cela pourrait passer pour de l’incompétence, de l’imprévoyance, du laxisme, de l’amateurisme et surtout du mépris à l’égard des Pointois qui lui ont confié leur avenir en lui accordant le pouvoir qu’il leur a demandé.
Je pense pour ma part que tout cela est l’expression même de leurs limites parce que, monsieur DURIMEL et madame GALVANI n’ont rien à proposer pour Pointe-à-Pitre et qu’ils confondent la fin et les moyens. Être maire n’est pas une finalité, c’est un outil permettant la réalisation du projet que l’on a pour sa ville.
Ils pourront ainsi continuer, comme ils le font depuis le 4 juillet 2020, à cacher leur incompétence et leur absence de vision derrière la gestion de l’équipe précédente et maintenant de la mainmise du préfet.
Être au pouvoir c’est imaginer, proposer, agir, construire, c’est être courageux et généreux envers l’avenir.
L’actuel maire de Pointe-à-Pitre a-t-il ces qualités ?

Claude BARFLEUR

Président du MGP

Conseiller municipal de Pointe-à-Pitre

Alain Sorèze : « L’heure n’est ni à la division, ni au buzz.  L’important c’est de trouver la bonne sortie de crise »

CCN. M. Sorèze, comment expliquer aux pointois qui ont voté pour votre liste que moins d’un an après cette élection la majorité d’Harry Durimel soit sur le point d’imploser ?

Alain Sorèze. Les pointois ont voté pour une majorité plurielle. Les pointois en 2020 ont bien vu comment j’ai œuvré pour rassembler les forces de l’opposition à Jacques Bangou autour d’un projet de redressement et aussi autour d’un “premier sur la liste” qui élu maire devient le manager de la majorité et de la Ville. Malgré l’impossibilité de rassembler toutes ces forces, nous avons pu avoir la victoire de la liste “L’unité pour le changement” conduite par Harry Durimel.

S’il y a eu fusion de deux listes, il y a eu addition des forces qui composaient chacune de ces listes. Donc c’est une majorité plurielle qui d’ailleurs reflète cette diversité d’origine et d’opinion très pointoise qui se manifestait surtout au “sénat de la place de la victoire », si vous me permettez de faire un clin d’œil à l’histoire et à la sociologie de « lapwent ».

Une fois élu, notre objectif doit être désormais de réussir le redressement de notre ville. Dans un contexte difficile, très difficile, il faut se donner le temps de l’inventaire, de la réorganisation des services, de la formation aussi de nouveaux élus, en s’adaptant aux aléas du calendrier des faits prévus et imprévus. Tout cela doit se faire dans le respect et la bonne gestion de cette pluralité au sein de notre majorité.

Nous avons peut-être du mal en Guadeloupe à intégrer tous les aspects de la vie démocratique qui a ses règles. Dans beaucoup de villes en France il y a parfois plusieurs groupes politiques au sein d’une majorité et cela fonctionne, se frictionne aussi. C’est normal, c’est la vie . Nous ne pouvons pas être d’accord sur tout, et ne plus dans ce monde actuel avec les réseaux sociaux.

Il n’y a pas d’implosion dès lors que chacun respecte les règles du jeu démocratique.

Je rappelle aux guadeloupéens qui saluent le bilan du président de Région Félix Proto que celui-ci n’avait pas la majorité absolue mais a bien gérer les affaires régionales guadeloupéennes en alliance avec le groupe des élus communistes pendant 6 ans.

Je comprends votre question qui m’a été posée aussi par des citoyens pointois suite à la séance du conseil municipal du 08 juillet renvoyée pour « absence de quorum ».  A l’heure du conseil municipal, un groupe de conseillers auquel j’appartiens était réuni autour de la collègue Michelle Robin-Clair qui venait de recevoir un arrêté de retrait de délégation signé du maire le 1er juillet. Nous avons voulu l’entourer et avoir ses explications surtout que lors de la réunion de majorité du mardi 06 juillet nous n’avions pas eu cette information. Bien au contraire nous avons préparé ce conseil municipal du 08 juillet avec la conscience des difficultés financières de notre Ville.

Nous allons je l’espère avoir des explications en réunion de notre majorité et tirer les choses au clair.

Si nous voulons redresser Pointe-à-Pitre il faut faire vivre la démocratie. Nous avons fait campagne en disant un homme/un mandat, des conseils citoyens pour la démocratie participative, le rassemblement de toutes les forces vives, l’imagination de solutions en absence de finances. C’est cela qui est l’enjeu et est en jeu.

Implosion ou explosion ? Aucune idée surtout que récemment j’ai vu un reportage sur les “évènements de la Soufrière en 1976” et jusqu’à maintenant on s’interroge sur cette éruption ou explosion annoncée.

CCN. Cela signifie-t-il que vous êtes désormais dans une « forme » d’opposition ?

AS. Je ne suis ni dans une “forme” d’opposition ni dans une “forme” de majorité. J’ai fait campagne et j’ai été élu pour changer les choses.

Comme mes autres collègues, j’ai été élu pour apporter ma contribution au redressement de Pointe-à-Pitre. Pointe-à-Pitre que j’aime et que j’ai du mal à quitter ou abandonner. Pointe-à-Pitre que j’aime mais qui n’a pas d’élu dans la majorité régionale. Pointe-à-Pitre que j’aime et que je sers dans le cadre de ma délégation aux affaires sportives. Pointe-à-Pitre que j’aime et je veux voir de nouveau belle, attractive et respectée, car elle a tant d’atouts et même plus quand je regarde les autres villes port de croisière de la Caraïbe.

Comme disent les habitants chacun peut et doit apporter son talent, son temps ou son argent à ce redressement. Donc l’heure n’est ni à la division, ni aux buzz ou fake news que des élus de l’opposition font circuler sur quorum, implosion, pouvoir budgétaire, retirer ce qui prouve que ces élus devraient se former et bien s’informer avant de jouer à une communication « palé é ven ».

CCN. Comment sortir de cette crise ? 

AS. Comme dans toute crise, au sein d’un couple, d’une famille ou d’une entreprise, l’important c’est de trouver la bonne sortie de crise pour se projeter vers l’avenir. Il y a des crises ou des douleurs positives.
Comme je vous l’ai dit, j’espère que les choses seront tirées au clair en réunion de majorité, dans le respect des prérogatives de chacun et le respect de la pluralité d’une majorité élue pour travailler et redresser la Ville.

Pointe-à-Pitre ne peut se payer le luxe de “crises” dans une période aussi difficile. Cette période exige du management à la fois fort et habile. Cela vaut aussi pour notre pays La Guadeloupe. Avoir un bon cap et savoir manœuvrer à travers les variations du vent et du temps, les obstacles prévus et imprévus. Mais toujours avoir un cap, le fixer et s’en tenir.

En général le bon commandant, après la traversée du mauvais temps, réunit son équipe, revoit les cartes et les routes, toujours pour atteindre le cap fixé.

DZ 

NB : Fidèle à notre ligne éditoriale. Les réponses des ITW sont reproduites sur CCN INTÉGRALEMENT. Et ce sans modifications.

 

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