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Guadeloupe. Débat. Le "Faire pays" de Patrick Chamoiseau : Chouval bwa...

En Martinique même, ce texte a suscité la même défiance de la part des authentiques patriotes. Le chercheur et linguiste Jean Luc Divialle, a proposé à CCN sa lecture de ce texte.

Pointe-à-Pitre. Lundi 27 mars 2023. CCN. La semaine dernière, l’écrivain Martiniquais Patrick Chamoiseau, a publié, sur son blog, dans un quotidien français, une déclaration intitulée “Faire Pays : Eloge de la responsabilisation”. Il s’agit  en fait d’un texte  “autonomiste “ destiné à soutenir le “fameux“ appel de Fort-de-France, qu’avaient co-signé les élus des Dernières colonies françaises en mai 2022. Près d’un an après, cet appel n’a pas fait bouger les lignes d’un seul millimètre. Parmi les quelques rares signataires Guadeloupéens du texte chamoisien, on retrouve des noms tels que Dahomay, Albina, Monza, Portecop, Reinette, pratiquement les mêmes qui  avaient  fait campagne pour la vaccination “obligatoire”… On ne change jamais une équipe qui est à la solde du système colonial. En Martinique même, ce texte  a suscité la même défiance de la part des authentiques patriotes. Le chercheur et linguiste Jean Luc Divialle, a proposé à CCN  sa lecture de ce texte.  

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Inutile de tirer sur le pianiste. Il ne se fait ici que le copiste de l’invisible partition autonomiste selon laquelle on voudrait voir le guadeloupéen danser. Mais que dire de ce tempo sourd qui monte et que certains entendent nous imposer kounyak ? Très loin d’un invocatoire son du ka, cette bourrée de papier qui se prétend notre voix interroge plutôt sur l’inconséquence de la méthode chargée de nous la faire aimer. À ce “zombie jamboree” créole, souscrirons-nous ?

Yékrik ! Yékrak ! Adossé à un chouval bwa créole, Dibwa Chamelier des oiseaux, dansant sur sa jambe de bois invite l’outre-mer à faire pays. Sa mission, il l’a acceptée. Il est aide de manège. Ainsi gagne-t-il sa croûte. Alors, au biais de la presse nationale, il recrute des passagers à tour de bras. Le voilà donc qui collecte leurs jetons d’adhésion en pois dibwa. Les temps sont durs. Les candidats à l’aventure ne sont pas légion. Il espère cependant un kwi à ras bord qu’il offrira le moment venu à qui de droit. “J’ai déjà recueilli quelques grains et pas des moindres” pense-t-il. “Les meilleurs influenceurs aidant, le peuple suivra comme des “manglous”. Alors il harangue : Chouval bwa manmay-la, batché, batché !

 

C’est que Dibwa chamelier des oiseaux à un rêve. Celui d’embarquer Guadeloupéens et autres “colonisés” dans ce nouveau zatrap kouyon créolito-tout-mondiste à bride mesurée qu’on appelle autonomie. Mais il ne peut surtout pas l’avouer. Pour l’heure, nous sommes priés de croire qu’il ne s’agit que de faire pays. Et si son manège tourne plus vite que son ombre, c’est justement afin d’hypnotiser et d’étourdir toute réflexion. Tout ce qui nous est demandé c’est d’acheter “chat an sak”. Chouval bwa manmay-la, batché, batché !

Voilà pourquoi il le crie partout. Vous aspirez au changement. Oui, vous ne le saviez pas, mais  c’est d’abord vous qui rêvez de son changement à lui. Oui, vous ! Lequel ? Qu’importe ! Le monsieur l’a dit donc c’est vrai. C’est même écrit dans sa tribune parue dans “Le Monde”. Rendez-vous compte, un grand journal français.. C’est du sérieux ! Mais au fait, changement vers quoi ? Qui osera bien nous le dire ? Tant que tourne le manège, son maître se garantit de préserver le coup de jarnac autonomiste qu’il nous réserve. Mais ce qu’il sait pertinemment, c’est que tous, sauf les plus naïfs d’entre nous avons bien compris sur quel coup de “grenndé” il entend jouer notre destin.

Et ce coup fumeux s’annonce déjà comme un chapelet de déconvenues diverses et variées à découvrir une fois le tout signé. Dès lors que la gueule du sac sera nouée, péké ni déviré. Il nous faudra assumer ce pays en tout point irréel. Tout fier de son œuvre, chamelier des oiseaux y voit l’occasion de faire enfin naître cette plantation 2.0 créolitaire tout mondiste objet de ses fantasmes.

Voilà pourquoi il est de bon ton pour lui de nous persuader que c’est nous qui le voulons, et pas un gouvernement qui ne peut plus ruser avec les directives européennes. Nous et non un Etat qui ne sait plus comment vendre ce désamour à ces “gens de loin”. Or, l’Europe l’a décidé, il n’a plus d’autre choix que d’entrer sans bigidi dans la danse autonomiste. Et c’est précisément ce changement-là que Dibwa chamelier des oiseaux est chargé de vous vendre à grand renfort de tèt a lak signataires. Chouval bwa manmay-la, batché, batché !

Awa ! Si beau que soient le son de la flûte, du tibwa et du tambou bèlè, nou paka baké !” Intellectuels ou pas, influenceurs ou pas, domino ka rimé an pangal men paka pozé an pangal ! Parce qu’à faire un petit retour sur image, rien ne nous incite à suivre aveuglément une prétendue élite intellectuelle signataire qui ne sait même plus saisir les enjeux du monde qui s’annonce à nos portes.

D’abord, il faut rappeler que ce n’est pas la première fois que la Guadeloupe se voit proposer un tour de manège douteux. Ensuite, en bas de page de son carnet de commissions demeure un reliquat de dettes de deux ans que bon nombre de signataires d’aujourd’hui font mine d’ignorer. Le Guadeloupéen attend encore un geste de ceux qui, plutôt que d’incarner les remparts du peuple contre la folie covidiste, les ont invariablement poussés à se faire équarrir. Ainsi ont-ils, au comble de l’asservissement cautionné la geste de ces “maîtres” d’un monde en pleine dérive qui faute de pouvoir offrir le bonheur à tous, ont préféré pousser la population mondiale au suicide collectif. Chouval bwa manmay-la, batché, batché !

Qu’ils se soient eux–mêmes fourvoyés, de bonne ou de mauvaise foi, cela peut s’entendre ; mais où sont les mots d’excuse face à un peuple en plein désarroi ? Qu’ont-ils à dire à ces  travailleurs de la santé injustement privés d’emploi et au mépris du droit, à ces familles plongées dans le drame du deuil par A.V.C, thrombose, post vaccinaux ? Qu’ont-ils à dire à l’Association des Victimes d’Accidents Vaccinaux ? Qu’ont-ils à dire de toutes ces secousses sociales dont nous payons aujourd’hui le prix ?  Silence radio ! Et comme si de rien était, nous voilà priés d’embarquer cette fois-ci pour un faire pays. Chouval bwa manmay-la, batché, batché ?

Awa ! Kalkil fèt avan konté ! Nous paka baké ! Rappelons simplement que la question de l’autonomie de la Guadeloupe ne date pas d’hier. Et pendant toutes ces décennies, nous avons vu le niet français l s’opposer à nos personnalités politiques du siècle dernier. Alors pourquoi subitement nous l’offrir aujourd’hui,  surtout maintenant qu’il est trop tard ? 

Oui, il est vraiment trop tard. Parce que si ce manège bien huilé tourne ; la face du monde elle, tourne tout autant. Et en pareil contexte, la France n’a plus les moyens de l’autonomie qu’elle fait mine de nous proposer. Rappelons ici que c’est l’Europe qui depuis les accords de Cotonou pousse derrière. Or tout bouge. Le destin de la Guadeloupe risque de ne plus être à ces schémas de territoires annexés à un centre. Pourquoi donc cacher aux Guadeloupéens que les projections sur lesquelles s’articulent l’avènement de ce pays bien rêvé sont mortes-nées ? Pourquoi leur cacher qu’ils assistent ni plus ni moins à l’effondrement de l’occident et de la France avec lui ? Pourquoi ne pas les prévenir et leur dire que le procédé qui, comme jadis le faisait l’empire romain, consistait pour un état à aller au delà des mers massacrer des peuples entiers pour s’accaparer de leurs richesses a vécu ? Pourquoi ne pas leur parler des deux faiblesses du type de gouvernance occidental qui fait de la violence et du racisme son mode d’existence et de ravitaillement ? 

C’est que ce type d’Etat a un besoin impérieux de toujours s’approvisionner chez les autres, entendons-nous gratuitement. Mais pour cela, il lui faut la guerre. Sa relative domination ne repose donc que sur une logique de guerre permanente. Or, dans le monde multi polaire qui s’annonce, l’occident coincé entre la Chine, la Russie et bientôt l’Afrique, future première puissance économique mondiale n’a plus les moyens de sa violence guerrière. La France n’a donc plus loisir de se servir de par le monde comme elle le fit au bon temps des colonies. Et avec un dollar en fin d’hégémonie, son économie n’aura d’autre choix que de s’effondrer elle aussi. Tout ce que nous vivons actuellement n’est lié qu’à cette chute. La France s’apprête donc à faire la plus dure expérience de ces cinq derniers siècles, sortir de l’assistanat. “Il faut sortir de l’assistanat”. Il est bien curieux que cette phrase condescendante à souhait, longtemps jetée à la face des citoyens d’outre mer soit revenue tel un palaviré à la face de ces auteurs. Surtout que l’expérience du Mali démontre désormais qu’on ne peut plus venir se servir comme un grand malélivé dans le jardin de la personne. Nous le disons donc, il est à parier que la France sait qu’elle n’a plus les moyens de subvenir à l’autonomie qu’elle entend vendre par aide de manège interposé.

Mais alors, que dire de ce chef d’orchestre qui nous répète à qui mieux mieux que l’avenir est à ce nouvel Eldorado mosaïque ? Il se trouvera toujours, des siècles après, des personnes assez vides d’elles mêmes et chargées de nous expliquer, partition à l’appui que la bourrée est la danse qui nous est la plus compatible. En face, la cadence naturelle du pays Guadeloupe n’aura qu’à se taire à jamais. Surtout devant des personnes qui au comble de l’aliénation créole rejettent en eux cette part d’africanité qui demain pèsera lourdement dans les échanges commerciaux du monde nouveau. Vous avez dit visionnaires ? Ces musiciens sont donc chargés de nous faire croire que le seul moyen pour le guadeloupéen de danser encore longtemps sans avoir le ventre vide, c’est d’accorder ses pas aux violons d’un nègre à talent aide de manège plutôt que sur le toumblack des nèg gwosiwo que nous sommes.

Or, la valse créole de Dibwa Chamelier des oiseaux n’a déjà plus de temps. Ses violons grincent. Ils n’annoncent qu’une gigantesque cacophonie sur fond de concurrence égocentrique entre territoires priés de faire pays. Son envie de changement, le guadeloupéen tout au contraire sait bien qu’il ne peut qu’en être l’unique bâtisseur. Ce projet ne jaillira surtout pas de quelques signatures qui expriment là, leurs peurs de sauter dans le train du nouveau monde. Dibwa chamelier des oiseaux sait pertinemment que les chevaux qu’il nous invite tous à chevaucher sont en bois. Loin d’être bête, le Guadeloupéen lui, se méfie de l’invisible manivelle qui leur donne un semblant de vie. Il guette simplement qui en définitive en est le vrai maître.

Et voilà donc où se situe le” loup” de l’affaire. Au nègre de savane, Chamelier des oiseaux semble désigner la laisse du chien. Mais depuis Lafontaine, nous savons qu’un vrai loup ne saurait se satisfaire de quelques miettes. Qui plus est, d’un maître affamé lui même par les changements à venir. Le loup n’est pas fou. Pour lui ce sera donc le zayann ou rien. Pire, chamelier des oiseaux se trompe sur toute la ligne. Non seulement on ne peut faire pays sans une pensée symbolique commune et concernant la Guadeloupe, une pensée symbolique africaine. Mais en plus, Il y a longtemps que l’Europe, sous couvert de réglementation sécuritaire a fait taire le dernier manège de chouval bwa. Sa proposition de faire pays n’est donc que le fantôme d’elle même. À ce zombi, les derniers colonisés français n’iront donc pas danser.

Jean-Luc Divialle 

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