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Guadeloupe. Colonialisme.  Le Gouverneur déclare le projet d’Ecole Panafricaine de “séparatiste” pour l’interdire

Pointe à Pitre. Vendredi 29 octobre 2021. CCN. Ceux qui croyaient naïvement  que la Gwadloup n’était pas (plus) une colonie en sont pour leur frais. Notre quotidien est hélas marqué  par des décisions qui ne peuvent être taxées que de colonialistes. Ainsi, l’association Racines, qui depuis des décennies se mobilise  pour rétablir le lyannaj  sociétal historique culturel, économique entre l’Afrique et la Guadeloupe a mis en oeuvre le projet en Guadeloupe d’une école panafricaine. Le gouverneur actuel pour des raisons purement  idéologiques a voulu mette un véto. Marie-Jo Tirolien présidente de Racines, a répondu aux questions de CCN.

CCN. Pourquoi une école panafricaine en Guadeloupe ?
Marie-Jo Tirolien (MJT). Cela fait quelques années que l’association Racines réfléchit au projet de monter une école qui permettrait aux enfants d’être enracinés dans leur territoire, leur culture et leur histoire tout en acquérant le socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Un enseignement qui utiliserait notre extraordinaire patrimoine comme support de cours, support de l’enseignement dispensé  en permettant à l’enfant de se valoriser, de développer une bonne estime de lui-même et d’apprécier ses semblables.
 
CCN Comment l’idée a t elle  germé ?
MJT. Nous avions un groupe d’enfants que nous recevions le mercredi après midi pendant 1h30 et  nous avons appliqué notre méthode. L’engouement était tel, que nous avons accéléré la création de l’école.
 
CCN : qui s’adresse cette école?  (age, recrutement niveau) 
MJT. Cette école est destinée aux enfants de 3 ans à 11 ans (école primaire), dont les parents sont soucieux de donner à leurs enfants une éducation en adéquation avec leur milieu et leur histoire. Cette éducation  remet les enfants au centre des acquisitions avec une éducation bienveillante : on ne fait pas rentrer l’enfant dans un cadre rigide, on s’intéresse à lui et on s’adapte à ses besoins.
 
CCN. comment elle s’organise? 
MJTElle s’organise en classes multi-âges afin que chaque enfant puisse bénéficier de l’interaction stimulante créée par la différence d’âge. Au sein de cette classe, différents ateliers fonctionnent pour permettre à l’enfant d’acquérir progressivement de l’autonomie, de développer l’entraide, la confiance en l’autre sous le regard bienveillant des enseignants.
 
CCN. que propose  t-elle aux futurs élèves? (contenu, profs, programmes)
MJT. Les matières classiquement enseignées (mathématiques, français, sciences…) sont naturellement intégrées dans notre programme qui développe en son sein l’agriculture, la cuisine et l’économie. Les activités artistiques et sportives ont une place de choix afin que le programme proposé aux enfants soit harmonieux et permette leur développement physique, spirituel et intellectuel.
Le créole sera une langue d’enseignement comme le français et une place importante sera dédiée à la maitrise de l’anglais parlé (contexte caribéen).
Les enseignants sont tous qualifiés dans leur domaine (professeur des écoles, agriculture, économie, théâtre, musique…) afin que nos enfants évoluent dans l’excellence.
 
CCN. quel est le projet pédagogique? en quoi est il selon l’etat  “separatiste” ?
MJT. Le projet pédagogique est disponible sur le site https://www.associationracines.com, les réponses que je viens d’apporter en sont directement issues.
“Emmener les enfants à développer leur potentiel et leur charisme dans la joie et la paix”, “engager l’école dans une démarche de développement durable, respectueuse de l’environnement”, “mettre en place une évaluation bienveillante…, les élèves apprennent à s’autoévaluer, à exercer leur sens critique…”, ces quelques phrases font partie de la démarche pédagogique engagée par l’école et vous jugerez vous-mêmes du caractère “séparatiste” de notre ambition pédagogique.
 
CCN. le prefet de Guadeloupe, a  refusé  toute  validation de cette école?
quelle analyse faites vous de son argumentation?
MJT. Le préfet déclare s’opposer à l’ouverture de l’école pour 3 motifs :
1- le caractère succinct du projet pédagogique lui pose problème et l’amène à s’interroger sur “le contenu réel de l’enseignement que nous envisageons de dispenser”. Manifestement il n’a pas lu le projet pédagogique (10 pages) et il nous fait un procès d’intention. Il rajoute que nous aurions eu des “prises de position publiques à caractère séparatiste” dont nous lui avons demandé la preuve (courrier recommandé du 10 août 2021), nous attendons toujours sa réponse.
2- La dénomination panafricaine de l’école est pour lui la preuve de notre séparatisme et de notre volonté de développer “une distinction entre les races et les cultures susceptible de générer un trouble à l’ordre public”.
A l’école panafricaine, nous enseignons qu’il n’y a qu’une seule race et nous sommes étonnés que le préfet nous ressorte cette rengaine de races différentes qui a causé tant de malheurs dans un passé encore récent…
Pour ce qui est de la dénomination panafricaine, nous sommes étonnés de cette réaction car la France voulait faire entré au panthéon Aimé Césaire, auteur panafricain universellement reconnu, et si sa famille ne s’y était opposée, il y serait. Nous appelons de nos vœux une rencontre physique avec le préfet afin de lever toute ambiguïté et lui remettre quelques documents qui finiraient de le rassurer.
L’école publique actuelle engendre un fort taux d’échec scolaire, générateur de délinquance et donc justement de troubles à l’ordre public. La création de notre école entend apporter une solution à cet état de fait et devrait être encouragée plutôt que combattue.
3- Le préfet parle aussi de la sécurité du bâtiment alors que la commission de sécurité n’est pas passée. Cette commission a reçu en préliminaire à son passage un document de 56 pages (selon la législation en vigueur) dont le préfet était aussi destinataire. Ce n’est qu’après le passage de cette commission et de son rapport que le préfet pourra nous donner son avis sur la sécurité du bâtiment.
L’argumentation du préfet ne nous semble donc pas du tout étayée par du factuel et semble cacher une décision politique qui ne veut pas dire son nom.
 
CCN. y a t’il une possibilité de recours? en d’autres termes le projet est  il abandonné?
MJT. Nos avocats ont fait recours de la décision et ce projet porteur d’espoir pour beaucoup de parents au delà même de la Guadeloupe ne peut pas être abandonné. Quand on a subi une éducation qui brime notre estime de nous-mêmes, qui ne nous apprend jamais notre histoire et qui ne nous permet pas (sauf au prix d’efforts démesurés) de donner la pleine mesure de notre potentiel, nous ne pouvons pas vouloir cette même éducation pour nos enfants.
Notre projet est plus que jamais d’actualité et les nombreux soutiens reçus de Guadeloupe, Martinique, Guyane, Afrique, Etats-Unis, France… nous montrent que nous sommes sur la bonne voie.

Sé Bondyé ki mèt, ansam ansanm nou ké rivé !!!

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