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Guadeloupe. Analyse. Marie-Galante au fond du gouffre : la faute à qui ? Episode 2

Guadeloupe. Analyse. Marie-Galante au fond du gouffre : la faute à qui ? Episode 2

Grand Bourg-Capitale. Vendredi 19 février 2021. CCN. Au plan de-là gestion, La Communauté des Communes de Marie Galante (CCMG) la Ville de Grand Bourg, la commune de Saint Louis, sont d’après les contrôles effectués par la Chambre Régionale de Comptes (CRC) toutes en situation de déficit chronique. Ainsi l’émigration des jeunes pour des raisons économiques vers le Guadeloupe, ou ailleurs, le vieillissement de la population et la baisse cruciale de la natalité, font qu’avec environ 11000 natifs l’ile aux 100 moulins a déjà perdu près d’un quart de sa population. Si rien n’est concrètement fait pour rendre M-G plus attractive cette baisse démographique risque encore de s’accentuer au cours des prochaines décennies. Dans le même temps les franco-français, qui ont « découvert » ce bijou de l’archipel guadeloupéen s ‘y installent presque massivement. Au plan politique, à la fin des années 60 c’est le Dr Marcel Etzol, (UDF-giscardien) qui dirigea d’une main de fer Grand Bourg la capitale de MG et c jusqu’à son déchoukaj par l’équipe de Jean Girard en 1981. Puis il y eut la gestion pour le moins besogneuse de Patrice Tirolien (PS) maire de 1989 a 2013 auquel succéda le Dr @Mariz Etzol qui est de plus, présidente de la #CCMG. C’est cette « épopée » Marie-Galantaise rédigée pour #CCN par l’écrivain @Bernard Dendélé-Leclaire qui est ici racontée. C’est à lire.

1. Jean Girard, Camille Rouseau : les années 80

Jean GIRARDEn mars 1981, le Dr Marcel Etzol perdra les élections face à une jeunesse déterminée avec laquelle il n’a peut-être pas su ou pu composer et manifestement cette même jeunesse n’a pas su non plus comment composer avec lui. Il est tout de même regrettable aujourd’hui de constater que la plus grande misère de cette île réside dans ces années de détestation mutuelle où l’énergie fondamentale a lamentablement été gaspillée au détriment d’une réflexion véritable sur le potentiel et les avancées du Pays.

Dans les années 80 avec Jean Girard en qualité de Maire de Grand-Bourg, Marie-Galante a cru, a espéré sortir de son enlisement. Nous sommes dans les années Mitterrand et le peuple français sort de plusieurs décennies sous la Droite et chacun a l’impression d’une ère nouvelle où le bonheur va couler à flot.

Je m’arrêterais tout de même, quelque peu sur le personnage attachant de Camille Rousseau qui par deux fois étant l’adversaire politique direct du maire en place, mais ce dernier n’avait pas pu comme il le voulait convaincre les Grand-Bourgeois malgré un travail dantesque réalisé pour expliquer et démontrer avec son équipe l’urgence du changement.

Il n’avait pas en face de lui non plus un néophyte éberlué. On trouvait Camille Rousseau trop doux, trop conventionnel, trop lisse face à quelqu’un de beaucoup plus ferme, plus aguerri et surtout déterminé. Un homme qui dans l’âme était avant tout un meneur et un véritable patron.

C’est la raison pour laquelle une génération plus verte avait jugé utile de faire abstraction du poète afin d’essayer de vaincre électoralement un homme qui plus est, à l’époque était évidemment au sommet de sa gloire ne voulant rien céder à quiconque.

Il faut le dire c’est peut-être là, justement à ce moment opportun et ésotérique que Marie-Galante a commis une immense erreur allant jusqu’à se priver de cette sagesse naturelle que Louis Porto portait dans ses tripes. Il aurait reconstitué l’entente, la réconciliation et l’union du peuple marie-galantais. Il était l’homme de cette situation à ce moment indispensable pour souder et ériger de nouveau l’âme fondamentale de l’être marie-galantais.

Camille Rousseau était un enseignant très connu et surtout reconnu pour avoir insufflé à plusieurs générations d’élèves le goût des études. Le goût de la lecture, de l’écriture, du savoir dans un esprit paternel, fraternel, humaniste et le tout dans un amour incommensurable pour le Pays Marie-Galante. Il était le parrain de ma grande sœur et je le revois encore bavardant avec mes parents toujours en gardant le ton du respect mutuel hors pair ponctué par Compère, Commère. Des terminologies qui malheureusement ont disparu dans notre société antillaise.

C’était une époque aussi où les gens s’habillaient pour aller écouter les conférences, les vendeuses de sorbets et de pistaches profitaient pour arrondir les fins de mois. Il est bien dommage de ne pas avoir édité tous ces discours qui permettraient aujourd’hui de dire aux jeunes l’histoire d’un pays.

La petite anecdote finale garde en mémoire lors d’une dernière élection municipale contre le Dr Etzol Marcel, ce dernier avait commandé la gendarmerie de Grand-Bourg tout simplement d’enfermer cetWhatsApp Image 2021 02 04 at 07.50.40 2 homme en la personne de Camille Rousseau son challenger puisque ce dernier était rentré dans un des bureaux de vote pour constater si tout se déroulait bien. Le Maire de l’époque avait jugé qu’il n’avait rien à y faire. Le pire est que ces gendarmes s’exécutèrent, dire le charisme et la puissance de cet homme à l’époque. Évidemment le maire sortant fut réélu en toute tranquillité malgré quelques bagarres par-ci ou par là.

Cette force de la nouvelle jeunesse qui s’était corps et âme jetée dans le combat politique avec Camille Rousseau avait très mal accusé le coup. L’atmosphère politique du moment était on ne peut plus tendue. Tout le monde le sait, on est un peuple viscéral et l’arrogance aveugle de certains habillés par un égo sur gonflé n’allait pas faciliter les relations. Il y eut quelques échauffourées assez graves, des blessés forcément, chacun jouait à faire davantage peur à l’autre, car les rapports demeuraient volcaniques.

Ce qui devait arriver arriva. Jean Girard disais-je, se retrouvait à la tête de la commune de Grand-Bourg en septembre 1981 stoppant alors nettement l’ascension politique du Dr Marcel Etzol.

Depuis cette triste époque Grand-Bourg est coupé en deux jusqu’à dire que Marie-Galante par contamination est aussi coupée en deux.

2. Marie Galante, Belle ile en mer

Je reviens à Marie-Galante en 1984 après les études et je trouve un Pays en activité. Beaucoup de gens, jeunes ou âgées sont revenus vivre sur l’île et économiquement des structures modernes dans la grande distribution voient le jour. L’activité culturelle est d’une portée internationale où l’on parle de la mort de Bobby Sands par une grève de la faim. On refait l’Immeuble des Maîtres se nommant dès lors le Centre Maurice Bishop. On parle de Marie-Galante dans le « vingt heures » sur TF1 et le pays s’organise pour recevoir ses premiers grands frémissements touristiques. Des gîtes voient le jour puis quelques structures hôtelières, on constate les effets de la Chanson de Christian Voulzy, « Belle île en Mer Marie-Galante » sortie en 1985.

Cette île de 158 Km2 sort du silence et de l’anonymat grâce à l’émission “Champs-Élysées” de Michel Drucker en juin 1987 où un tournage sera effectué en la présence du chanteur. On est loin, même aujourd’hui, d’avoir compris réellement l’impact de ce tremplin publicitaire et d’avoir su véritablement comment exploiter toute la portée de cette envolée médiatique.

Force est de constater que ce pétillement extraordinaire, cette opportunité miraculeuse dans une atmosphère propice malgré une relance économique extraordinaire allait fondre comme neige au soleil par rapport à deux facteurs majeurs.

Reconnaissons tout de même que Jean Girard a su faire comprendre au monde que Marie-Galante avait un droit fondamental à l’existence et cette fierté affirmée était indispensable à son développement.

3. Girard – Pinsel : la cassure

Le premier facteur est humain et par conséquent sociologique. Cette nouvelle génération au pouvoir l’est par la force et l’aura de deux hommes. Jean Girard lui-même, mais aussi par Isnard Pinsel. Ce dernier, lieutenant indiscuté et indiscutable des premières grandes contestations ouvertes depuis l’équipe Rousseau avec Jean Girard bien sûr, à l’encontre du Dr Marcel Etzol.

Ces deux-là faisaient « Un » et dans l’art du dire et dans l’art de rassurer la population, seul ce solide tandem était capable de réaliser une révolution intérieure pour démontrer que Marie-Galante était certes une île, mais aussi un Pays et pourquoi pas un monde en devenir. Cette dimension humaine vers l’universel, vers le fait que nous avions nous aussi un droit à l’existence et de donner notre point de vue sur l’état de monde, ils étaient tous deux habités par cette même vision virile du Marie-Galantais « fondal-natal ».

Il y avait là, probablement aussi quelque chose d’Etzolien (du père) qui ne se laisserait même pas impressionner par un Président de la République française au nom de Marie-galante.

L’histoire de la défaite de Jean Girard viendrait essentiellement de cette cassure, de cette césure, de cet antagonisme jamais dévoilé puisque ce n’est peut-être pas le bon mot s’agissant du dernier employé pour comprendre la complexité des rapports amicaux et fraternels entre ces deux leaders, Girard et Pinsel.

Il y a que l’histoire réunit les égrégores et les choses alors ne peuvent se concrétiser que parce que l’union sacrée de deux forces refusent une quelconque autre qui ne pourrait inévitablement que tout venir faire capoter. Quand le destin aligne ses pions il ne faut pas déranger son jeu alors imposé. Le nom de cette tierce personne sera un jour dévoilé. J’appelle aujourd’hui à la méditation tous ceux qui ont alimenté et engendré cette désunion machiavélique à prendre et à peser le poids de cet échec général par cette histoire ratée et qui ne sera plus jamais rattrapée.

Encore une fois, Marie-Galante laisse passer un potentiel inimaginable qui ensemble, au lieu de se mettre au travail, l’égo va parler, va salir, va souiller les semences de la réussite et les amis frères d’hier par pure idiotie deviendront alors les ennemis du jour. L’Île pendant ce temps agonise lentement et beaucoup de jeunes s’en vont à la vue de ce triste spectacle allant de désolation en débâcle.

Les mêmes de cette belle génération qui avaient crié victoire contre le Dr Marcel Etzol en 1981, allaient chercher en 1989 Patrice Tirolien de sa tranquillité en France pour politiquement venir battre électoralement Jean Girard en mars 1989.

Personnellement, je pense qu’à ce moment au nom d’une Île qui avait besoin que l’on s’occupe d’elle, malheureusement l’intégralité de la concentration des énergies était à nouveau perdue dans un sempiternel combat morbide des tempéraments et tout cela, pensai-je n’aller pas pouvoir nous mener à rien de bon du tout.

Le plus triste est de constater que personne à l’époque de cette véritable épopée, je ne dis bien personne n’a vu ou n’a su qu’il fallait au nom de l’unité marie-galantaise lancer un appel immédiat à la fraternité et à la réconciliation. Imaginez seulement quelques secondes une possible entente entre ces personnalités à Marie-Galante, nous n’en serions sans doute pas à ce si bas niveau aujourd’hui ? Nous pouvons ainsi affirmer que cette génération globalement a raté le tournant qui nous était indispensable pour faire de cette île un exemple de réussite dans la Caraïbe. Elle en porte forcément devant l’histoire la triste responsabilité.

4. Air Antilles – Air Guadeloupe : la disparition de l’axe aérien de MG

AIR GUADELOUPELe deuxième grand facteur qui va anéantir cette île est la fermeture pour ainsi dire de l’aéroport par la mort des Compagnies Aériennes qui desservaient cette destination. Que s’est-il réellement passé pour se rendre compte de l’état de mort d’Air Antilles avec la belle histoire de Monsieur Le Cozanet et son épouse pilote ? Que s’est-il passé avec la mort aussi de la SATA Air Guadeloupe ? Toute la réalité de ce qu’est devenue Marie-Galante réside aujourd’hui dans la disparition de cet axe aérien fondamental qui n’existant plus à définitivement ouvert la voie aux vedettes rapides.

Voilà aujourd’hui le motif fondamental, la cause réelle, le bras tueur qui va abattre définitivement toutes les volontés d’une île qui pour la première fois de son histoireAEROPORT MARIE GALANTE inconsciemment va soi-disant profiter d’un effet de liberté, mais dans le fond, laquelle deviendra l’étrange lame de l’échafaud qui lui coupera le cou.

De deux vedettes concurrentes, deux ans après les capitaux antillais étaient rachetés par des sociétés maritimes de l’hexagone et on a vu une espèce d’armada d’une dizaine de vedettes rapides s’abattre sur l’Île afin de la vider et de la dévider de la substantielle moelle de son avenir.

Les négociants de Guadeloupe (Jarry) devenaient ipso facto des concurrents immédiats. Impossible alors de se battre contre un monde qui irrémédiablement bascule et où il n’y a que les sociétés maritimes qui font le plein et qui s’enrichissent. À ce moment beaucoup de gens se rendent bien compte qu’un avenir professionnel sur cette île devient chose impossible à moins d’être dans la fonction publique ou d’être retraité. .

Les Marie-Galantais vont vite se rendre compte avec ces vedettes rapides qui sont en plus absolument confortables que cette traversée du canal qui était à l’origine « on ran‘n fwa » est devenue du pipi de chat même pour ceux qui n’ont pas le pied marin. De ces années quatre-vingt à aujourd’hui l’avion n’a toujours pas repris et les sociétés de transports maritimes sont toujours là en quasi-monopole. La population a vite pris ses habitudes à se rendre sur P-A-P et Jarry pour faire des achats et à faire le va-et-vient à force, d’aucuns ont pris le goût du continent comme on dit, et les gens ont fini par partir pour toujours, surtout quand une opportunité de travail est offerte à l’appui. On avait ouvert une porte que l’on n’a jamais su comment refermer.

Nous assistons alors à la condamnation et à l’abandon de centaine de maisons dans les villes et dans les campagnes, pendant ce temps une société métropolitaine de remplacement est tout doucement en train de procéder à une subtile substitution. Il est certain que si rien n’est fait pour relancer le Pays permettant aux Marie-galantais de revenir dans leur pays alors ce processus dans peu de temps deviendra irréversible.

Double effet pervers et retour de bâton pour les sociétés de transports maritimes qui commencent à voir baisser considérablement leur chiffre d’affaires sur le déplacement des Marie-Galantais.

Pourquoi ?

Le problème est qu’avec la baisse considérable de population, puisque la facilité de ce transport a rendu tout le monde mobile et ouvert sur la Guadeloupe, cela a fait que la population en fuite baisse, mais en même temps, les statistiques des voyages des autochtones se réduisent aussi.

Tous les Marie-galantais résident maintenant en Guadeloupe, installés depuis ils reviennent de moins en moins sur l’île. Ceci explique cela, d’où un manque à gagner considérable qui n’est que légèrement compensée par l’effet tourisme et des métropolitains qui y vivent définitivement.

On compte actuellement dix mille habitants du pays proprement dit et grosso modo trois mille étrangers alors que ce pays dans les années trente a compté trente-trois mille habitants.

A suivre…

Grand-Bourg le, 25/01/2021 sur Les Hauteurs de Beaufils,

Bernard dendeléBernard Dendelé Leclaire.

Écrivain Marie-Galantais de (La) Caribénitude

Président d’Ambition Guadeloupe, Groupe pour l’application et l’implication d’une philosophie politique Antillo-Caribéenne.

 

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