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Guadeloupe. Analyse. Marie Galante au fond du gouffre : la faute à qui ? Episode 1

Guadeloupe. Analyse. Marie Galante au fond du gouffre : la faute à qui ? Episode 1

Grand Bourg-Capitale. Mardi 9 février 2021. CCN. Au plan de-là gestion, La Communauté des Communes de Marie Galante (CCMG) la Ville de Grand Bourg, la commune de Saint Louis, sont d’après les contrôles effectués par la Chambre Régionale de Comptes (CRC) toutes en situation de déficit chronique. Ainsi l’émigration des jeunes pour des raisons économiques vers le Guadeloupe, ou ailleurs, le vieillissement de la population et la baisse cruciale de la natalité, font qu’avec environ 11000 natifs l’ile aux 100 moulins a déjà perdu près d’un quart de sa population. Si rien n’est concrètement fait pour rendre Marie-Galante (M-G) plus attractive, cette baisse démographique risque encore de s’accentuer au cours des prochaines décennies. Dans le même temps les franco-français, qui ont « découvert » ce bijou de l’archipel guadeloupéen s‘y installent presque massivement. Au plan politique, à la fin des années 60, c’est le Dr Marcel Etzol, (UDF-giscardien) qui dirigea d’une main de fer Grand Bourg la capitale de MG et cela jusqu’à son déchoukaj par l’équipe de Jean Girard en 1981. Puis il y eut la gestion pour le moins besogneuse de Patrice Tirolien (PS) maire de 1989 à 2013 auquel succéda le Dr @Maryse Etzol qui est de plus, présidente de la #CCMG. C’est cette « épopée » Marie-Galantaise rédigée pour #CCN par l’écrivain @Bernard Dendélé-Leclaire qui est ici racontée. C’est à lire. 

En conséquence, la chambre recommande à la présidente de la CCMG de poursuivre les Marie Galantemesures de redressement préconisées et propose au préfet de régler le budget primitif de 2020 de la CCMG conformément aux tableaux joints en annexe à l’avis.

Le 29 juillet 2020, le conseil municipal de Grand-Bourg de Marie-Galante a adopté le compte administratif de 2019 de la commune avec un résultat global de clôture déficitaire de 4 526 397,40 €

1. Le pays a changé

La pire preuve de la descente aux enfers de cette île est de constater que grand nombre des Marie-Galantais expatriés ne prêtent plus tellement attention à son destin. Comme dirait le poète, il n’y a pas plus mauvaise insulte que l’ignorance ou le dégoût.

Certains Marie-Galantais habitant la Guadeloupe juste à une trentaine de kms n’hésitent pas à affirmer qu’ils y vont presque essentiellement à la Toussaint pour l’illumination des défunts. Avant, même ceux qui vivaient en France ou ailleurs étaient inscrits sur les listes électorales de l’île et les gens votaient par procuration. Chaque grande vacance la population doublait puisque les Marie-Galantais vivant en France dès le mois de juillet étaient présents sur l’île. Cela devenait un rituel qui se manifestait dans les rues lors des fêtes communales. À la retraite systématiquement tout ce monde-là revenait au pays comme on disait. Comme les éléphants le Marie-Galantais revient finir sa vie chez lui comme un gage de paix avec soi-même.

Le pays a changé, on ne le reconnait plus dans sa physionomie générale et encore davantage dans les yeux des gens qui y habitent constatant l’immense vide des perspectives pour un avenir meilleur. Comment renverser cette situation ?

Comment une île aussi magique et viscérale a-t-elle pu à ce point faire répulsion ? Qui sont les responsables ? Pourquoi ont-ils fait cela et comment ? Était-ce volontaire, ou involontaire ? Était-ce de la méchanceté, de la maladresse, de l’inconscience, de l’insouciance ou carrément une forme de « je m’enfoutisme » pur et dur ?

On pourrait ainsi se poser un milliard de questions afin d’essayer de comprendre l’origine du mal, mais quand le présent exige existence et que l’appel à l’oxygène s’impose dans l’urgence de la respiration immédiate alors on ferme les yeux, on serre les poings et on respire à plein poumons même quand l’air est désagréable en espérant retrouver le nectar vital de notre âme afin de ne point mourir.

Il faut bien que vie se fasse sachant que la philosophie du suicide n’est pas la culture inculquée par nos aînés, nos héros qui, même sous terre crient en ce moment à briser nos consciences face à ce spectacle de désolation et de honte. Comment alors tenter de comprendre le présent par un regard analytique de notre passé ? Le but est de synthétiser l’histoire afin de sortir la tête de l’eau dans un esprit avant tout objectif et constructif.

2. Docteur Marcel Etzol, un précurseur

 

J’étais gamin, j’avais six ans et je revois encore ce déferlement humain à la victoire du Dr Marcel Etzol. Écoliers nous nous rendions à l’école en chantonnant « Vive Etzol », petit drapeau bleu-blanc-rouge en main. Je pense que les gens ont fait la fête pendant au moins une semaine. Il ne restait plus aucune branche dans les amandiers du tout Grand-Bourg et le rouge des flamboyants tapissait les rues au passage du défilé de cette marée humaine.

Pour bien comprendre cette ferveur, le Dr Etzol était jeune médecin, catalogué d’être brillantissime à une époque où bien des maladies sur l’île sévissaient encore.

Il venait en mars 1965 de détrôner un monument politique en la personne de M Furcie Tirolien. Ce Furcie Tirolien, Maire de Grand-Bourg de 1925 à 1965, ce qui représente quarante ans à la tête d’une Commune pour ne pas dire d’un Pays. Furcie Tirolien, instituteur de son état, mais aussi et surtout Président du Conseil Général de la Guadeloupe de 1931-1935, de 1938-1939 et de 1949-1950.

Né le 30/01/1886, l’homme décède le 28/08/1981 à l’âge de 95 ans et chaque jour se faisant il est descendu, toujours vêtu d’un costume trois pièces à la maison familiale, dans son bureau au rez-de-chaussée et ce jusqu’à son souffle dernier, recevant nuit et jour inlassablement tous ceux qui désiraient se délecter de ses précieux conseils.

Je revois encore la méticulosité de son bureau rue de l’église avec cette peau de léopard ou de tigre délicatement posée à même le sol avec la tête du félin vous fixant droit dans les yeux. Les épées de guerre en croix symétriquement étaient positionnées à même les murs en bois de l’immense bâtisse, sa fameuse Cadillac bleue-ciel était conduite par son feu chauffeur attitré, Monsieur Créantor Félix surnommé « le Soleil » et son inoubliable berger belge malinois, Judo du prénom vêtu en robe paille pour accompagner les visiteurs.

Le Dr Marcel Etzol psychologiquement dans son fond intérieur venait de désagréger une pyramide. Cela peut se comprendre. Fort de cette prouesse on peut supposer que l’honneur ait pu se sentir investi dès lors d’un destin aussi hors norme le projetant alors dans l’invincibilité de quarante ans « aussi » à venir.

Il était le candidat de ma famille et aussi le médecin qui dès son retour du serment d’Hippocrate avait très largement conquis les faveurs de mon père et de très nombreuses familles marie-galantaises.

Cet homme en plus de posséder la médecine était aussi un brillant homme d’affaires. N’oublions pas qu’il va construire la Polyclinique Saint-Christophe, en ayant un matériel dernier cri à faire envie les plus grosses structures de santé en Guadeloupe. On verra passer et entendre parler de la renommée d’éminents chirurgiens dont le premier qui me vient en tête est le Docteur Fayet (pardon pour l’orthographe).

Il aura même l’insolence, dit-on de construire une usine de Sérum Labetz l’unique de la Caraïbe. Il était propriétaire d’avion dont il était lui-même le brillant pilote, il était propriétaire d’une vedette, aujourd’hui on dirait un Yacht portant le nom percutant et révélateur de Jalousie. Bref, pour un « simple petit » marie-galantais, l’homme est d’une stature internationale et la Guadeloupe même en tremble. Il est depuis l’histoire le premier et le dernier Marie-Galantais à avoir fêté son titre de Milliardaire. Aujourd’hui ça n’a peut-être pas de sens, mais pour l’époque l’homme brandissait qui il était par rapport aux autres et alors imposait sa stature sans ménagement aucun.

En fait, cet homme aurait vécu trente ou quarante ans avant son temps. C’était un précurseur, un être moderne dans la sociologie à venir et il serait aujourd’hui là, qu’il serait en temps et en heure l’homme de la nouvelle situation pour refaire de Marie-Galante ce qu’elle fut jadis dans son histoire, c’est-à-dire une île respectée.

N’importe quel politicien ne viendrait pas à Marie-Galante pour dire et encore moins pour faire n’importe quoi. Marie-Galante et les Marie-Galantais étaient estimés et la notion de dignité est une valeur acquise de naissance. Quand nous arrivions en Guadeloupe par obligation dès la classe de seconde, du nom, que dis-je, au titre de Marie-Galantais les portes s’ouvraient immédiatement.

Ce dernier restera seize ans Maire et sera réélu trois fois d’affilée. Grand-Bourg a connu à cette époque une belle ascension, nous étions encore à la grande époque portée par les trente glorieuses. On notera la construction du site portuaire de Folle-Anse commencée en 1966 et mis en service en 1968.

3. Fin d’une époque mythique

Deux compagnies aériennes desservent l’île, Air Guadeloupe et Air Antilles. Le cabotage maritime s’effectue en grande partie pour la marchandise et les conditions de transport encore rudimentaires pour passagers font que les Marie-Galantais restent sur l’île pour 90 % de la consommation obligatoire.

Le commerce localement se porte bien, la démographie est au beau fixe, la jeune population part faire des études, mais elle tient à revenir au pays, le tout dans une belle dynamique de fonctionnement. Le terrain de foot a été déplacé au premier pont et l’immense chantier de la construction de l’école des filles peut commencer.

Comme par un triste sort on assistera progressivement à la fin de cette époque mythique, avec la première grande crise du pétrole en 1973 qui sonne alors son glas et dès lors les conditions économiques vont commencer à se décomposer. On passe de l’ancien franc au nouveau, mais cela ne va pas pour autant assainir une situation économique délicate avec la montée exponentielle des taux d’intérêts bancaires. Ainsi la fin de cette décennie va être très difficile où on verra poindre la grande remise en question de la pérennité de la culture de la canne.

N’oublions pas que l’usine sucrière du Robert ferme définitivement ses portes en 1961, il ne reste alors plus qu’une seule et dernière usine à sucre sur l’île. La famille DE RETZ a déjà quitté le bateau du sucre repris par la famille BON détenteur de cette unique structure de Grand-Anse.

De quatre usines en 1928, de 1930 à 1940 on n’en compte plus que trois, puis plus que deux de 1947 à 1959 pour arriver depuis à la dernière. Cette ultime usine dès 1963, sera sauvée grâce à un consortium Sodeg Etat – Département de la Gpe – Sesmag, du nom de La Sosumag (Société Sucrière de Marie-Galante). Une grosse rénovation est mise en place et la période proprement historique de l’industrie sucrière marie-galantaise se termine en 1973 avec 154 682 tonnes de canne manipulées pour une production de sucre de 158 669 quintaux.

La fermeture de Robert avait mis beaucoup de planteurs au chômage et les surfaces plantées ne trouvaient pas forcément vente sur Grand-Anse. Le surplus était revendu en distillerie, mais hélas cette capacité à couper puis à broyer la production existante dans son intégralité devenait impossible. Le Conseil Général de la Guadeloupe ira jusqu’à payer le fret de l’exportation de la canne marie-galantaise vers Darboussier à Pointe-A-Pitre. Cette opération sera un échec jugé vraiment trop couteuse à la longue.

Dès ce moment des Marie-Galantais ont commencé à partir vers la Guadeloupe pour nourrir leur famille. Le mari s’en allait d’abord pour trouver un travail et quelque temps après la famille suivait. La mort lente, mais assurée de la production légendaire de canne de cette île ne permettait plus aux hommes de claquer leur quinzaine sur la table. La notion de fierté du Marie-galantais ou du (mari galant) en prenait un coup et il fallait hélas trouver solution dans les potentiels départs.

Nous avons aussi au début de ces années soixante le facteur de l’appel du Bumidom (bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer). De 1963 – 1982 on dénombre 16 562 Guadeloupéens expatriés vers la France et dans ce chiffre nous avons beaucoup de Marie-galantais, malheureusement étant une « dépendance » nous n’avons pas de repère chiffré nous permettant d’affuter et d’évaluer l’impact négatif de cette saignée. Par contre nous connaissons tous des amis ou parents qui depuis sont partis à cause de cette tragédie et qui ne sont jamais revenus.

A suivre…

Grand-Bourg le, 25/01/2021 sur Les Hauteurs de Beaufils,

Bernard dendeléBernard Dendelé Leclaire.

Écrivain Marie-Galantais de (La) Caribénitude

Président d’Ambition Guadeloupe, Groupe pour l’application et l’implication d’une philosophie politique Antillo-Caribéenne.

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