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Ethique et déontologie : Les journalistes guadeloupéens sont-ils les porte-voix du pouvoir colonial ?

Danik Zandwonis.

Ethique et déontologie : Les journalistes guadeloupéens sont-ils les porte-voix du pouvoir colonial ?

4/5

D’après le “Committee to Protect Journalists” (CPJ) et l’UNESCO en 2022 ce sont près d’une centaine de journalistes qui ont été tués dans l’exercice de leur profession à l’occasion de conflits armés. Les pays les plus “meurtriers” sont le Mexique, l’Ukraine et dans notre région Haïti. Dans un article publié sur CCN l’an dernier, par une consœur qui vit cachée à Port au Prince, une douzaine de ses confrères ont perdu la vie, ont été assassinés par les gangs et parfois même par la police nationale haïtienne (https://www.caraibcreolenews.com/haiti-medias-pourquoi-et-comment-des-journalistes-sont-ils-massacres/)

En Guadeloupe, les journalistes ne meurent pas sous des balles assassines, car les seuls conflits existants sont sociaux. Mais, Il faut tout de même rappeler qu’au milieu des années 80 lorsque l’UPLG à l’époque, organisation nationaliste hégémonique (“on sel organizasyon, on sel journal) était à son apogée et organisait meetings ou manifestations, il était très fortement déconseillé de photographier le porte-parole de l’’époque feu Sonny Rupaire. Car l’UPLG était à ce moment une organisation politique au grand jour et en même temps semi -clandestine ! lol

C’est ainsi qu’en juin 1980, tenter de faire taire les “justes” critiques politiques issues du “Journal Gwadloupéyen” (Jougwa) magazine indépendant et indépendantiste , son siège a été cambriolé, tout son matériel emporté par 3 militants-voyous et cela sur ordre de l’UPLG *

Un peu avant, un haut dirigeant de l’UPLG nous avait déclaré prêt à nous “faire la peau”(sic)

Mais la parano UPLGiste est depuis longtemps achevée…

Les organisations nationalistes du XXIe siècle, telles que l’UGTG ou LKP (2009) sont au contraire très médiatiques ou médiatisées et n’ont jamais cherché à “casser” du journaliste. Quand Elie Domota (UGTG ou LKP) n’est pas satisfait d’un commentaire journalistique, il le fait savoir et utilise si besoin les RS.

On comprend, alors que le journaliste en Guadeloupe, n’a presque aucune raison d’alerter “Reporters sans Frontières” car il ne risque pas sa vie en pratiquant son métier. Alors pourquoi tant de journalistes ont-ils été remerciés, ou contraints de quitter leur emploi ?

C’est une réalité évidente, nos journalistes ne meurent pas sur des champs de bataille ou dans des conflits armés. Mais alors, de quoi succombent ils ?

En fait, ils ne sont pour la plupart que les “victimes” de procédures judiciaires.

Depuis quelques années, nombreux sont les confrères qui ont perdu leur job. Prenons le cas de RCI, la 1ère radio privée de Guadeloupe. Entre 2018 et 2019, un rédacteur en chef, et son adjoint ont été contraints de quitter leur emploi, accusés qu’ils étaient de “ harcèlement moral voir sexuel”. La consœur harcelée, et qui avait multiplié les procès contre RCI, a, elle aussi perdu son job. Toujours dans cette même station, il y a de cela quelques mois un journaliste franco-français a lui aussi été très discrètement licencié.

Du côté du service public, en Mars 2021, la DG sous la pression incessante de la Directrice du Pôle Outremer, a été obligée de quitter son poste et regagner sa Guyane natale. Mais elle a tout de même réussi à arracher une rupture conventionnelle.

A la même époque, belote et rebelote : un autre journaliste de cette même station accusé (à tort ?) de “corruption passive” est mis sur la touche durant quelques temps puis remis à l’antenne. Il a pu lui sauver sa tête. Comme on dit le “dossier” était vide, il y avait “maldonne”

Toujours à Guadeloupe La 1ére, le journaliste franco-français, Ronan Ponnet qui a longtemps soupiré à Droite, aujourd’hui proche du PS est lui aussi “débarqué” pendant plusieurs mois de l’antenne, accusé de diffamation à l’égard d’une figure politique Basse-Terrienne. Ponnet, a pu retrouver son poste, mais France TV semble toujours vouloir le révoquer quoi qu’il en coûte affaire à suivre…

Enfin, l’affaire qui fait grand bruit en ce moment, concerne Gilbert Pincemail. Ce journaliste politique du média dominant et qui a été dans le passé assistant parlementaire, n’a jamais caché sa proximité avec Ary Chalus, (Président de Région). Pincemail est accusé d’avoir” terni l’image de France TV” en acceptant une somme conséquente pour” avoir “manager” la campagne du président de Région en 2015 !

Curieusement, l’affaire Pincemail a été très largement amplifiée, relatée et relayée dans les médias français, car une “source” à l’intérieur même de Guadeloupe la1ère alimentait régulièrement en détails sur le back office de cette affaire !

Au final, le 6 mai, dernier la direction de France TV a lancé une procédure de licenciement contre Gilbert Pincemail qui risque, après 25 ans de carrière, d’être privé de son job. Mais on peut se poser la question de savoir si au sein de la radiotélévision d’état en Guadeloupe, il n’y aurait pas d’autres “cadavres” dans les placards. L’un de ses confrères tout en dénonçant à la fois l’extrême dureté de la sanction et les fautes commises par Pincemail nous affirme “si on ouvre tous les placards de Guadeloupe la 1ère toute la lumière sera faite, Pincemail est loin d’être le seul coupable”.

En fait, tous ces journalistes remerciés privés d’emploi licenciés ont en commun le même défaut, ils ont souvent été peu soucieux de la déontologie et de l’’éthique de la profession.

En poussant plus loin l’analyse, on s’aperçoit aussi que les responsabilités doivent être aussi partagées par les patrons de ces médias.

Nul besoin d’investigation pour savoir que tel journaliste est proche du PS ou tel autre proche de l’un ou l’autre des présidents des collectivités majeures. Cela signifie en termes clairs qu’il y a eu depuis des années du laisser-faire, de rapports familiers entre politiques et certains journalistes.

1/ Mais ce n’est là qu’un aspect de la question.

Ces différentes “affaires” ont tout de même le mérite d’obliger (?) nos confrères à être désormais plus respectueux de l’éthique de leur profession, particulièrement dans les deux médias dominants en Guadeloupe, mais pas exclusivement.

Pourquoi ?

On le sait maintenant, les hommes politiques guadeloupéens ont en grande majorité perdu une grande part de leur crédibilité. A chaque élection le nombre d’électeurs ne cesse de se réduire. Donc une relation de grande proximité entre hommes politiques et journalistes ne peut qu’entraîner ces derniers vers une perte équivalente de leur propre crédibilité.

2/ Le second aspect de la question est essentiellement politique

Car même à son insu, le journaliste en pays colonisé est lui aussi un “politique”. S’il décide de ne pas porter sa contribution au niveau de l’information contre le système en place, c’est qu’il le cautionne objectivement et qu’il désinforme son public.

Quelle serait donc la mission d’un journaliste en Guadeloupe, pays sous domination coloniale ?

Peut-il sous couvert d’une pseudo objectivité se taire, éteindre micros et caméras,sur les  cruelles réalités  politiques sociales, économiques  culturelles de son pays?

Peut-il dans ses articles ou reportages contribuer à pérenniser un système qui perdure depuis 1635 ?

Le journaliste guadeloupéen ne doit-il pas au contraire être d’abord très critique à l’égard du pouvoir colonial, et de toutes les forces politiques qui soutiennent ce pouvoir et permettre ainsi d’éclairer ses lecteurs, ses auditeurs, ses téléspectateurs ? C’est une redoutable hypocrisie d‘afficher une prétendue neutralité une soi-disant objectivité journalistique dans un pays tel que le nôtre. Un journaliste guadeloupéen, ne sait-il pas qu’en donnant la parole régulièrement aux soutiens du Front National en Guadeloupe, qu’il contribue à banaliser les aspects malodorants de ce parti raciste ? Comment ignorer que la journaliste guadeloupéenne, Christine Kelly à longueurs d’interviews a objectivement ouvert la voie des présidentielles françaises à Éric Zemmour ?

En fait, nos journalistes pour se dédouaner écartent de la main et du micro la réalité coloniale de notre pays. Ils font ainsi le jeu du système et contribuent ainsi à le pérenniser. Certains en sont conscients, d’autres pas…

Les journalistes français (Ponnet, Shimpling) ou le franco-africain Serge Bilé en Martinique, sont bien dans leur rôle et mission. Ce sont des “soutiens” du pouvoir colonial !

Mais combien sont-ils les journalistes guadeloupéens assez courageux, capables de faire du front de l’information un combat quotidien et critique contre la pwofitasyon capitaliste, contre l’aliénation culturelle contre la domination coloniale ?

Si cette prise de conscience évoluait au sein des rédactions dans les médias dominants et autres, la donne pourrait alors changer. Car les politiques seraient eux aussi contraints de changer leur paradigme et ne plus être tenté “d’acheter” des journalistes sans éthique.

La presse dit on est un 4ème pouvoir. En pays colonisé et sous domination, nos journalistes usent-ils de ce pouvoir pour aider notre peuple à se libérer de tous les carcans ?

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