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De l'histoire de la grandeur perdue du monde noir à la traite oubliée des esclaves blanc aux Antilles

4/5
TRIBUNE de l'économiste Jean marie Nol .

Quid de l’histoire méconnue de la plus grande civilisation de tous les temps qui était noire , et qui ait jamais existé sur terre ?

Disons le sans détour, il s’agit à l’attention des profanes du royaume nubien des pharaons noirs d’Abyssinie. Selon les récits de Platon, le berceau de la civilisation pourrait ne pas être la Grèce, mais plutôt l’abyssinie .

L’abyssinie serait une très ancienne civilisation perdue qui se situait au-delà des frontières actuelles de l’Égypte , du Soudan,  et surtout de l’ Éthiopie.

Dans les anciennes écritures, on décrit les habitants de l’abyssinie comme étant des grands savants qui avaient énormément de connaissances et de compétences technologiques. 

On raconte que les pharaons noirs qui régnaient à leur époque sur l’abyssinie maîtrisèrent la nature à un  degré jamais atteint par l’homme. Selon certains archéologues, ces mystérieux pharaons noirs maîtrisèrent l’énergie infinie , et seraient à l’origine des sources du judaisme et du christianisme avec notamment les  juifs noirs (les fallachas) qui n’étaient autres que la première des 13 tribus d’Israël. L’on raconte même que la reine de Saba qui était noire et qui dirigeait le royaume nubien de l’abyssinie aurait épousé le roi des juifs David avec lequel elle aurait eu un enfant. La reine de Saba est le nom d’une souveraine d’une très grande beauté et d’une très grande sagesse, évoquée dans la Bible (Premier livre des Rois, chapitre 10) qui serait venue rendre visite au roi Salomon, fils de David. Cette rencontre biblique eut un impact incommensurable sur l’imaginaire populaire. Elle véhicula des messages de beauté, de richesse, de pouvoir, d’exotisme, d’intrigue, de magie et d’amour. La reine inspira l’élaboration de miniatures turques et perses, la création de tableaux et de musiques européennes ou encore la production du peplum hollywoodien de 1959, Salomon et la Reine de Saba. Elle régnait sur Saba, que la tradition situe en Éthiopie qui faisait à l’époque partie intégrante du puissant royaume nubien d’Abyssinie. 

Comme vous vous en doutez sans doute, l’existence de l’abyssinie n’est pas unanime au sein de la communauté scientifique, car les recherches archéologiques sur le sujet en sont encore aux balbutiements.

Après tout, le moins qu’on puisse dire c’est qu’à mesure que le temps passe, les faits et les histoires trop épiques se transforment toujours en mythes et légendes. Il serait souhaitable que nos concitoyens puissent s’approprier cette histoire ancienne des pharaons noirs d’Abyssinie qui sont  de façon  incontestable les ancêtres directs de toute les dynasties de pharaons qui se sont succédés sur l’Égypte ancienne, parce qu’elle est tout simplement géniale, indispensable pour comprendre notre temps, mais aussi pour savoir d’où l’on vient et où on va.

Personne n’a jamais raconté la mémoire du peuple noir de cette façon-là, comme un récit plein de sens, une histoire dont le fil conducteur est la question cruciale : Qu’est-ce qui a provoqué l’effacement dans l’histoire de la grandeur de l’homme noir et précipité la  chute de la civilisation noire. Avec les pharaons noirs d’Abyssinie, c’était tout bonnement la première grande civilisation jamais inégalée depuis, et c’était la vie en harmonie avec l’ordre cosmique, pour nous, c’est plutôt une vie en harmonie avec l’humanité, ce qui suppose un tout autre type de sagesse. La crise que nous vivons aujourd’hui est un bouleversement majeur qui va changer nos vies, et bouleverser nos certitudes. 

C’est peu dire qu’en cette fin d’année 2022, le pays Guadeloupe broie du noir. Les raisons objectives ne manquent pas : la guerre en Ukraine, la crise énergétique, la présence de l’inflation, les conflits sociaux, le ralentissement de la croissance donnent le sentiment d’un monde qui s’écroule pour certains des Guadeloupéens parmi encore les plus conscients. Le délabrement des services publics (mairie en déficit, école, hôpital, eau, transition énergétique, déchets, transports), qui faisaient naguère la réputation du modèle français en Guadeloupe, ajoute au trouble. Ce qui est moins normal est le rôle joué par la configuration politique du moment : loin de soulager le pessimisme ambiant, elle y participe pleinement sans que personne en puisse modifier le cours des choses. Or d’après le grand penseur Antoine Gramsci ,on dit que la chronologie est l’ossature de l’Histoire.

Mais il faut admettre aussi qu’il y a quatre ou cinq dates fondamentales que toute personne bien instruite de l’histoire de la Guadeloupe conserve fichée dans un coin de son cerveau et qui ont joué de vilains tours à l’Histoire.

Mais il faut admettre aussi qu’il y a quatre ou cinq dates fondamentales que toute personne bien instruite de l’histoire de la Guadeloupe conserve fichée dans un coin de son cerveau et qui ont joué de vilains tours à l’Histoire. Elles aussi sont des nouvelles périodes totalement méconnues de nos contemporains.

Certains connaissent le  pan de l’Histoire romaine, ou du Moyen Âge, ou de l’Époque moderne. Et elles sont devenues tellement envahissantes et fossilisantes que nous nous surprenons nous-mêmes à penser quelquefois que l’histoire en Guadeloupe a commencé en 1802, et 1848. Ces dates sont certes connues dans l’histoire de l’esclavage des afro-guadeloupeens, mais qu’en est-il de l’histoire des premiers esclaves blancs de la Guadeloupe d’origine irlandaise déportés en Guadeloupe au milieu du 16ème et 17ème siècle siècle,  et ce juste avant la traite négriere. 

Lorsque les Français, les Anglais et les Hollandais se lancent dans la traite, refusant le monopole ibérique, les Espagnols et les Portugais ont déjà quelques décennies de pratique derrière eux.  Et c’est en 1625 que les Français et les Anglais prennent possession de la petite île de Saint-Christophe, à l’est des Grandes Antilles, un siècle et demi après la découverte de l’Amérique. Jusqu’alors, le petit arc caraïbe n’avait pas fait l’objet d’installations durables. C’est à partir de Saint-Christophe que va progresser l’établissement colonial nord-européen, avec la prise de possession de la Guadeloupe et de la Martinique en 1635, puis de l’ensemble des Petites Antilles entre 1639 et 1660. C’est le début de l’ére des premiers esclaves blancs aux Antilles. Les Hollandais participent rapidement et fortement à ce commerce, par le biais de leur Compagnie des Indes Occidentales. Entre 1621 et 1665, celle-ci fournira aux colons anglais et français la grande majorité de leurs esclaves blancs des Antilles en provenance de l’Irlande, en contrepartie du tabac, qui fut la première production des Petites Antilles.

Un peu plus tard, les Danois et les suédois se lancent également. Cependant, pour que le commerce des Îles n’échappe pas aux métropoles, les Anglais et les Français organiseront à leur tour des compagnies de traite dans les années 1660.

Ces esclaves blancs, qu’ on appellait les Irois ou bien encore les habenois, ont été les grands oubliés de l’histoire de la Guadeloupe,  et pourtant on trouve encore aujourd’hui des descendants des irois notamment dans le sud Basse-Terre  où était concentré les premières exploitations coloniales du tabac et coton, surtout dans la région de vieux habitants et bouillante. Il faut savoir que  Vieux habitants est une commune qui tient son nom des esclaves blancs nommés irois, et appelés encore les hibernois, d’où la déformation du nom des habitants de vieux habitants en habissois. 

Un historien irlandais a publié en 2001 un article où il est mentionné que pas moins de 70 000 Irlandais aurait été déportés en Guadeloupe entre 1652 et 1680 et vendus comme esclaves. Capturés en Irlande, ils coûtaient selon l’auteur moins cher que les esclaves africains de l’époque de la traite orientale, d’où des traitements encore plus durs.

Le commerce d’esclaves irlandais commença quand James II vendit 30 000 prisonniers irlandais comme esclaves au Nouveau Monde. Sa proclamation de 1625 ordonnait que les prisonniers politiques irlandais fussent envoyés outre-mer et vendus à des colons anglais des Caraïbes. Au milieu du XVIe siècle, les Irlandais étaient les principaux esclaves vendus à Antigua, Saint Christophe, et à Montserrat. À cette époque, 70 % de la population totale de Montserrat était composée d’esclaves irlandais.

L’Irlande devint rapidement la plus grande source de bétail humain pour les marchands anglais et hollandais. La majorité des premiers esclaves du Nouveau Monde étaient en réalité des Blancs, car les amérindiens à quelques exceptions ayant toujours refusé de se soumettre  au joug de l’esclavage. L’absence de témoignages des chroniqueurs sur cette période des esclaves blancs irois s’explique par la destruction des archives  de l’île de Saint Christophe et de la Guadeloupe, mais il existe des  recoupements avec l’histoire de Haïti anciennement  l’île d’Ispagnola, où une commune aujourd’hui  s’appelle  les irois. Mais nous y reviendrons plus tard un peu plus en détail. A suivre d’autres révélations sur l’histoire des derniers caraïbes de l’île de marie galante massacrés par les esclaves nouvellement affranchis pour leur voler leurs terres ancestrales. Cet épisode tragique de l’histoire falsifiée de la Guadeloupe est connu par la rumeur populaire sous le nom de l’affaire de la mare au punch. 

A suivre…..

Jean Marie Nol 

 

 

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