Pourtant, dès le 27 février, le président de région a organisé, en concertation avec le Préfet, la présidente du Conseil Départemental et la Directrice de l’ARS, une rencontre à laquelle étaient conviés des parlementaires, des présidents des communautés d’agglomération, des personnalités du monde médical, des autorités sanitaires et des organisations socio-économiques. Ary Chalus a exprimé sa vive préoccupation face à l'arrivée imminente d'avions provenant de zones contaminées par le coronavirus. Rappelons qu’à cette date, il n’y avait aucun cas en Guadeloupe et même si la prise de position, forte, a été moquée ou perçue comme à l’emporte-pièce, il s’avère aujourd’hui, avec cruauté, qu’elle était parfaitement justifiée. (Malheureusement, cette position s’est effacée devant le diktat d’un état distant de 8000 km, loin de nos réalités.)
Ainsi, malgré les alertes, malgré les questionnements de la population, des risques insensés ont été pris. Dès le 26 février 2020, certains ports de la Caraïbe ont commencé à refuser l'accostage de bateaux de croisière, quand dans le même temps, l’arrivée de 200 touristes italiens pour une croisière était autorisée et facilitée le 10 mars en Guadeloupe ! Des passagers provenant de Milan, à la faveur du dernier vol avant la mise en quarantaine de la ville, déjà connue comme foyer majeur de contamination.
Quelle impérieuse nécessité explique cette prise de risques quand les voix se sont très vite élevées contre ce débarquement ? Quelle logique économique prime quand on sait que la fermeture de la plupart des ports de la Caraïbe (dès le mois de février) les conduirait à errer en Mer des Caraïbes sans but ?
Pire, avec nonchalance, le Préfet expliquait le 16 mars 2020, qu’aucune prise de température n’était effectuée, qu’une simple information était transmise aux passagers alors que depuis le mois de février, l’ARS demande de lui faire confiance et exhorte à la responsabilité et au civisme des Guadeloupéens. De même, les vols acheminant des touristes avides de plages et farniente se posent encore sans qu’aucune consigne ne soit donnée ni qu’aucune précaution sanitaire ne soit prise à l’arrivée... autre qu’une simple information. Les Guadeloupéens exposés reçoivent des brochures ! Et quand les maires de Marie-Galante prennent courageusement les dispositions qui s’imposent, leur action est mise à mal. Pourtant désormais, la Préfecture découvre la possibilité d’imposer une quatorzaine stricte.
Quand on fait le ratio par habitant, la Guadeloupe et la Martinique sont les deux seuls pays de la Caraïbe enregistrant le plus fort taux de personnes atteintes. Quel point commun ont ces deux îles?
Les faits sont là. Un traitement léger qui met en danger la population. Une inconséquence à laquelle nous ne sommes que trop habitués. Une légèreté qui est en fait un mépris caractérisé pour la vie humaine, pour la santé des Guadeloupéens, la santé des soignants, par ceux-là même qui ont la responsabilité d’assurer leur sécurité !